F U L C R I C U S [1]

évêque de Tongres, attesté de (748) à 762, mort peut-être en 769

Les Annales Lobienses [2] rapportent pour la 21e année du règne de (l'empereur) Léon [3] la mort de sanctus Florebertus Leodicensis episcopus; cui succedit Fulcaricus [4].
Dans une lettre non datée, mais vraisemblablement du 01 mai 748 [5], le pape Zacharias remercie treize évêques francs [6], dont Fulcrico Tungriensi [7] episcopo, pour la profession de foi et d'unité qu'ils lui ont envoyée [8] et les exhorte à collaborer avec son légat, Bonifacius.
Fulcharius [9] vocatus indignus episcopus souscrit la charte de mai 757 [10] établie à Compiègne [11] par l'évêque Chrodegangus de Metz en faveur du monastère de Gorze.
Folcricus episcopus civitas Tungris [12] souscrit l'association de prières conclue entre les évêques et abbés présents au concile d'Attigny vraisemblablement en 762 [13].
Le signum de l'évêque Fulcharicus figure parmi ceux des nombreux témoins ecclésiastiques et laïcs [14] qui souscrivent l'important diplôme par lequel le roi Pépin, avec sa femme Bertrada, le 13 août 762 [15], à Trisgodros [16] villa puplica, accorde de nombreux biens dans différents pagi [17] au monastère de Prüm [18] qu'ils ont fondé, lui confirme des donations antérieures, place le monastère sous sa protection et lui accorde le droit d'élire l'abbé.
Un diplôme de l'empereur Otton II [19] en faveur de l'évêque Notkerus de Liège rapporte que (le roi) Pépin avait accordé à cette église un précepte de confirmation de ses biens [20].
Les Annales Lobienses [21] rapportent à l'année 769 la mort de l'évêque Fulcaricus [22], auquel succéda Agilfridus [23], son obit étant indiqué au 20 août par l'obituaire de la cathédrale Saint-Lambert de Liège [24].


[1] Autres formes onomastiques: Fulcaricus, Fulcharius, Folcricus, Fulcharicus, Fulgaricus, Fulcarius.
[2] Ajout d'un continuateur liégeois du Xe siècle: MGH SS XIII p. 227; cf. Kurze, Die Annales Lobienses, p. 597 et n. 3; Werner, Der Lütticher Raum, p. 276 n. 13.
[3] 717 – 741.
[4] Kurze, op. cit., p. 597 n. 3 pense que l'indication de l'année se rapporte à la mort de sanctus Erminus et abba Lobiensium, mort en 737 (Vita Ermini, écrite au VIIIe siècle, MGH rer. Mer. VI p. 470; cf. Dierkens, Abbayes, p. 103 et n. 95, p. 104 et n. 112). Les Gesta abbatum Trudonensium du XIIe siècle (MGH SS X p. 371) signalent la mort de Floriberto, …, Fulcharius succedit, et 15 annis preest pour l'année 753 (!) . Les listes épiscopales de Liège des Xe/ XIe siècles (MGH SS XIII p. 290-291; Duchesne, Fastes III p. 185-188) font aussi en général succéder Fulcaricus (Fulcricus) à Florebertus, mais il n'existe pas de mention datée de ce dernier (cf. Werner,  op. cit., p. 276 et n. 13; Engels/Weinfurtner, Series, p. 56; Duchesne, Fastes III p. 192).
[5] MGH Conc. II,1 p. 48-50; MGH Ep. sel. I n° 82 p. 182-184 (traduction allemande Tangl, Briefe, p. 176-178); cf. Heidrich, Synode und Hoftag, p. 421-422 n. 23. La lettre n'est pas datée, mais vraisemblablement écrite de concert avec celle adressée à Bonifatius, datée elle du 01 mai 748, et dans laquelle le pape déclare qu'il écrit en même temps aux évêques francs (MGH Ep. sel. I n° 80 p. 172-180).
[6] Reginfrido Rodomagensi episcopo, Deodato Belbocanensi episcopo, Rimberhto Ambianensi episcopo, Heleseo Novianensi episcopo, Fulcrico Tungriensi episcopo, David Spironensi episcopo, Aethereo Toroanensi episcopo, Trewardo Camorocanensi episcopo, Burhardo Wirzaburcnensi episcopo, Genebaudo Laudensi episcopo, Romano Meldensi episcopo, Agilolfo Colonensi episcopo, Heddo Stratburgensi episcopo et ceteris amantissimis chorepiscopis.
[7] Sur le transfert du siège épiscopal à Liège, jusqu'alors à Maastricht, qui a peut-être eu lieu du temps de l'évêque Hugbertus (703/706-727), cf. Werner, op. cit., p. 280-294. 
[8] Selon Heidrich, Synode und Hoftag, le synode où cette déclaration aurait été écrite se serait tenu à Düren en août 747; sur le sens que l'auteur a donné à cette phrase, cf. surtout p. 437-438; ce synode aurait été convoqué conjointement par Carloman et Pépin, mais il est toutefois possible que les évêques mentionnés aient tous fait partie de la partie du royaume gouvernée par Carloman (cf. Schüssler, Die fränkische Reichsteilung, Vieux-Poitiers, p. 78sqq., 97; Hartmann, Die Synoden, p. 60-62; Clercq (de), La législation, p. 128-130; Ewig, Saint Chrodegang, p. 239-240 avec carte p. 241; Schieffer, Germania,  n° 7 et 10 p. 17-18).  
[9] Il est généralement admis qu'il s'agit de l'évêque Fulcricus. Cf. note suivante.
[10] Original perdu. Cartulaire de Gorze du XIIe siècle: MGH Conc. II,1 p. 59-63; Herbomez (d'), Cartulaire, n° 4 p. 9-13.
[11] Fulcharius a donc assisté au concile qui se tint dans cette ville (cf. Hartmann, Die Synoden, p. 76-79; Clercq (de), La législation, p. 137-142; BM² 85 a p. 44).
[12] L'évêché ne prendra le nom de la "civitas" de Liège que bien plus tard (cf. Werner, Der Lütticher Raum, p. 294 sqq.).
[13] Codex du VIIIe siècle. MGH Conc. II,1 p. 72-73; cf. Hartmann, p. 79-81; de Clercq, p. 143; Oelsner, Jahrbücher, p. 474-477; Schmid/Oexle, Voraussetzungen,  p. 107 n. 50; Werminghoff, Verzeichnis, p. 469. Sur l'ordre des souscriptions, cf. Hartmann, p. 80 et n. 47. 
[14] Signa de Charles, Carloman (fils de Pépin), de neuf évêques et de douze comtes.  
[15] Liber aureus de Prüm du Xe siècle: MGH DK I n° 16 p. 21-25; Beyer, Urkundenbuch, n° 16 p. 19-22; Calmet, Lorraine, II, preuves c. CI-CIII; cf. BM² 95 p. 48-49; Oelsner, Jahrbücher, p. 357-358.
[16] D'après les études de Heinzelmann, Der Weg, et Halfer, Trigorium, il pourrait s'agir de l'actuel Treis (Allemagne, comm. Treis-Karden, Rheinland-Pfalz, Lkr. Cochem-Zell).
[17] Le Charosgau (situé entre le Eifelgau, l'Ardennais et le Bidgau), le pagus Muslinse, le Bidgau, le Eifelgau, la Ripuarie, le Spirois, le Lommois.
[18] Allemagne, Rheinland-Pfalz, Lkr. Bitburg-Prüm.
[19] MGH DG II, pars prior, n° 210 p. 238-239, du 06 janvier 980.
[20] Cf. BM² Verlorene Urkunden n° 276 p. 856; Werner,  op. cit., p. 311 et n. 165.
[21] MGH SS XIII p. 228; SS II p. 195 (cf. supra n. 2; MGH SS VII p. 198; MGH SS X p. 372 pour l'année 768; MGH SS XXV p. 47, Gilles d'Orval, XIIIe siècle, donnant 15 ans à l'abbatiat de Fulcarius, cf. Oelsner, Jahrbücher, p. 475 et Hauck, Kirchengeschichte, II, p. 54 n. 1; Duchesne, Fastes III p. 184-188; DHGE 19 c. 337). Des ouvrages tardifs rapportent que l'évêque fut enseveli dans la crypte de l'église Saint-Lambert de Liège (cf. Gierlich, Grabstätten,  p. 304, 326 et n. 113).
[22] Cf. aussi Gallia Christiana, t. 3, c. 830-831.
[23] Seules les mêmes Annales datent son épiscopat.
[24] Commemoratio Fulcharii episcopi: Marchandisse, Obituaire, p. 112. Cet obituaire, vraisemblablement des XIIe-XIIIe siècles, n'est connu que par des copies des XVIIe et XXe siècles (cf. ibid. p. XXXIX-LXXI). Cf. Engels/Weinfurtner, Series, p. 56 et n. 110.