G I S E L B E R T U S [1]

évêque de Noyon-Tournai, mentionné de 769 à 782
abbé d'Elnone (= Saint-Amand)

Giselbertus episcopus civitate Noviomensis [2] fait partie de la députation d'évêques francs, instruits tant de l'Ecriture que du droit canonique, dit le Liber Pontificalis [3], envoyée à Rome par les rois Charles et Carloman pour y prendre part au concile convoqué par le pape Etienne III et qui se tient les 12-14 avril 769 sous sa présidence dans la basilique du Latran.
Un Gislebertus … episcopus souscrit comme témoin [4] le testamentum daté du 15 mars 778 [5] par lequel l'évêque Remigius de Strasbourg donne à son église tous ses biens sur l'île d'Eschau ainsi que le monasteriolum de Werith en Aargau.
Le Breve chronicon abbatum Elnonensium du XIIe siècle [6], après une anecdote touchant le monastère de Saint-Vaast, rapporte un échange auquel procéda Gislebertus … episcopus Noviomensis et Tornacensis avec son collègue de Cambrai-Arras, cédant l'abbatiam Marcianensem [7] cum aliis ecclesiis que erant de suo episcopio contre l'église Saint-Martin supra Scarb [8] sitam, que ad diocesim Atrebatensem seu Cameracensem pertinebat [9], … ut villa ex integro responderet abbati [10] et monachis [11].
L'une des épitaphes de Gislebertus [12] indique que sa promotion à la dignité abbatiale d'Elnone a précédé son élévation à l'épiscopat; l'autre, composée par Alcuin [13] ,expose que, Gislebertus praesul …vir pietate potens, humilisque, modestus, honestus, devotus, construit l'église Saint-Amand et remet en état le cloître du  monastère.
Il meurt le 23 mai [14] 782 [15] dans le monastère d'Elnone et est inhumé dans l'église Saint-Pierre [16] à droite du chœur [17].


[1] Variantes: Gislebertus, Gislabertus, Gillebertus, Gyslebertus.
[2] Les catalogues épiscopaux de Noyon (XIIe-XVIe siècles), placent Gislebertus entre un certain Dido, dont on ne sait rien, sinon qu'il succéda à Adalfridus, encore mentionné en 762, et Pleon, qui est attesté vers la fin du siècle (Duchesne, Fastes, III, p. 99-101; MGH SS XIII p. 383, 571; Gallia Christiana, t. 9, c. 986-987). Dans les listes des évêques francs participant au concile du Latran (cf. n. suivante), Giselbertus (Gislabertus) figure en dernière position, comme le dernier dans l'ordre d'ancienneté si l'on peut utiliser l'ordre des noms (cf. Marilier, Quelques aspects, p. 25-26).
[3] Liber Pontificalis, t. I, Vita Stephani III, p. 473; MGH Conc. II,1 p. 75. Un manuscrit de la fin du IXe siècle est le seul de tous les manuscrits du Liber Pontificalis à avoir inséré les deux listes des participants à ce concile (Duchesne, Liber Pontificalis, I, p. CLXXVIII n° 22 et CCXXIX n° 21; cf. Schmale, Das Bistum, p. 627 sqq.). Nous les retrouvons dans le préambule du concile publié par Cenni, d'après un manuscrit du XIe siècle de la bibliothèque capitulaire de Verona, avec Giselberto episcopo Noviomu (Concilium Lateranse Stephani III, Roma 1735, p. 1, dans MGH Conc. II,1 p. 80). Une troisième liste, d'après une source aujourd'hui perdue, éditée par Sirmond, Concilia, t. 2,  p. 66, mentionne aussi Giselbertus.
[4] Gislebertus (? de Noyon-Tournai), Willibaldus (peut-être d'Eichstätt), Wiumadus (de Trèves), Waldericus (de Langres), Walachus (?).
[5] Copie semble-t-il du Xe siècle: Parisse, Chartes, p. 10-14; Kocher, Urkundenbuch, n° 2 p. 3-7; Bruckner, Regesta, n° 271 p. 169-171; Wiegand, Urkundenbuch, n° 16 p. 11-14. Cet acte a été largement remanié et interpolé, mais on considère aujourd'hui qu'il remonte à une ou deux chartes authentiques (cf. HESA III,1,1 p. 341 n. 3; Himly, Observations, n° 271 p. 45; Büttner, Das Bistum, p. 60-61; Wilsdorf, Remarques, p. 135-136 n. 15).
[6] Platelle, Une chronique, p. 217-219, 224; cf. du même, Le temporel, p. 11, 54 et n. 4.
[7] Marchiennes, Nord, arr. Douai, ch.-l. cant.
[8] La Scarpe, affluent de l'Escaut.
[9] Du fait de sa situation sur la rive droite de la Scarpe.
[10] d'Elnone = Saint-Amand(-les-Eaux, Nord, arr. Valenciennes, ch.-l. 2 cant.).
[11] Pour avoir l'autorité sur la totalité de la villa de Saint-Amand.
[12] … Gillebertum, quem pretulit Helnoniensis grex sibi pastorem, post clerus Noviomensis, en vermes rodunt, nec virga, nec infula prodest. (MGH Poeta I ou IV p. 111)
[13] MGH Poeta I ou IV p. 305. Alcuin est mort en 804.
[14] Ann. s. Amandi (original perdu du début du IXe siècle, copies des XVIIe-XVIIIe siècles, cf. Schröer, Die Annales S. Amandi, p. 17-32),  MGH SS I p. 12 pour l'année 782: … et hoc anno Gislebertus episcopus obit X. Kal. Iun.
[15] Ann. s. Amandi breves, MGH SS II p. 184 (manuscrit du IXe/Xe siècle, cf. Schröer, Die Annales S. Amandi, p. 229; Boschen, Die Annales, p. 104 sqq.): Gyslebertus episcopus obiit (pour l'année 782); Annales s. Amandi brevissimi (fragment du IXe siècle, cf. Schröer, p. 229), MGH SS XIII p. 38 pour 782: Gislebertus episcopus subiit; Annales Elnonenses (main de la fin du XIe siècle, cf. Schröer, p. 237-238; Boschen, p. 119 sqq.; Platelle, Le temporel, p. 10-11), Grierson, Les Annales, p. 142 et MGH SS V p. 11 pour l'année 782: Obiit Gislebertus episcopus Noviomensis, monachus et abbas sancti Amandi, sepultus in æcclesia sancti Petri sub arcu; Ann. s. Amandi, cf. supra n. 14. Il semble bien que, contrairement aux indications de la liste abbatiale et du Breve chronicon, Gislebertus, qui apparaît comme évêque de Noyon-Tournai en 769 et meurt en 782, aura succédé à Agelfredus comme abbé de Saint-Amand et non le contraire (cf. Platelle, Le temporel, p. 53-54 et n. 2-5). Peut-être cette inversion est-elle due au fait que la mort d'Agilfridus est marquée après celle de Gislebertus dans les Annales Elnonenses, respectivement en 787 et en 782.
[16] d'Elnone.
[17] Platelle, Une chronique, p. 224; Ann. Elnon., cf. supra n. 15.