G O D O B A L D U S

abbé de Saint-Denis, mentionné en 726

Un placitum du roi Thierry IV[1], Ponthion[2] le 03 mars 726[3], décrète que la villa … nuncopante Baudrino[4] super fluvium Hyssera[5] sitam in pago Cameliacinse[6] acquise par le vir inluster Ermenteus[7] appartient à la basilique de Saint-Denis gouvernée par le venerabelis vir Godobaldus abba.
Les Miracula s. Dionysii[8] de la première moitié du IXe siècle rapportent que Godobaldus, ortus provincia Asbaniensi[9], villa quae dicitur Arbrido[10], a pris part[11] aux côtés du comiti Dodoni[12] au meurtre de l'évêque Lantbertus [13]. La punition divine s'étant abattue sur lui sous forme de maladie, il essaie d'obtenir la guérison et le pardon par un long pèlerinage[14]. Finalement, c'est à Saint-Denis qu'il retrouve la santé, suite à quoi l'abbé Helardus[15] l'admet dans le monastère[16]. Sur l'ordre de Charles (Martel), il en devient plus tard l'abbé et le dirige pendant 25 ans[17].


[1] MGH DM I n° 187 p. 465-467 (avec liste des copies et éditions antérieures). Les copies du XVIIe siècle semblent avoir été faites à partir de l'original.
[2] Pontegune in palatio nostro: Ponthion, Marne, arr. Vitry-le-François, cant. Thiéblemont-Farémont.
[3] Pour l'année, cf. l'introduction de MGH DM I p. 466.
[4] Boran-sur-Oise, Oise, arr. Senlis, cant. Neuilly-en-Thelle.
[5] Oise.
[6] Chambliois.
[7] Pour Ermenteus, cf. l'introduction de MGH DM I p. 466.
[8] Luchaire, 1899, p. 94. Les deux premiers livres des Miracula ont été écrits du temps de l'empereur Louis le Pieux, peut-être en 834 (Wyss, 1996, p. 38-40; Frank, 1932, p. 41-43; Luchaire, op. cit., p. 21-24). Cet extrait des Miracula s. Dionysii n'est connu que par un manuscrit rémois du Xe siècle (cf. Werner, 1980, p.  127-128 et n. 3 et ss.).
[9] Hesbaye.
[10] Avroy, ville de Liège, Belgique (cf. la carte chez Werner, 1980, p. 136).
[11] Il est possible que Godobaldus ait été un parent de Dodo (cf. Werner, 1980, p. 122 n. 4).
[12] Les sources désignent Dodo domesticus … principes Pippini (II) comme l'initiateur du meurtre de l'évêque de Maastricht Lambert. Pour Dodo, cf. Werner, 1980, p. 121-126; Ebling, 1974, p. 127 n° 143.
[13] Lambert a été tué un 17 septembre avant 706 à Liège (pour l'année, cf. Werner, 1980, p. 268 n. 155). Les sources qui rapportent ce meurtre sont principalement la plus ancienne Vita Landiberti rédigée peu de décennies après la mort de Lambert (cf. Werner, 1980, p. 242-243 et n. 3) et le récit des Miracula s. Dionysii.
[14] Peut-être Godobaldus fut-il puni de peregrinatio comme pénitence. A Rome, il aurait appris par une vision qu'il retrouverait la santé auprès des saints Dionysius, Rusticus et Eleutherius (cf. Werner, 1980, p. 131-132).
[15] L'abbé Chillardus a pris ses fonctions entre la mi-décembre 709 et début mars 710. Il est encore attesté en mars 716; en février 717 c'est l'évêque de Paris Turnoaldus qui apparaît comme custus (custos) de Saint-Denis (MGH DM I n° 159 p. 395-398, n° 166 p. 412-414, n° 168 p. 417-418, n° 170 p. 422-423, n° 173 p. 430-431). Voir l'annexe 1 sur la chronologie des abbés de Saint-Denis pendant la première moitié du VIIIe siècle.
[16] Cf. Werner, 1980, p. 131-132 et n. 26-28.
[17] Le prochain abbé de Saint-Denis, Amalbertus, est attesté en 748 (Heidrich, 2001, n° 18 p.  102-103). L'auteur des Miracula signale dans le prologue qu'il rapporte ce qui lui a été raconté ou ce qu'il a vu lui-même (Mabillon, 1672, S. 343). Si l'on peut ajouter foi à  son indication de durée de l'abbatiat de Godobaldus, cela voudrait dire que celui-ci aurait commencé au plus tard vers l'année 723 (cf. Gallia Christiana, 7, 1744, c. 342-343). Un faux daté du 01 mars 723/724 (MGH DM I n° 185 p. 458-462), selon lequel le roi Thierry IV aurait, sur requête du maire du palais Charles (Martel), confirmé à Saint-Denis un diplôme du roi Clovis II (MGH DM I n° 85 p. 216-220 de l'année 654) et accordé la libre élection de l'abbé (cf. Semmler, 1989, p. 92; Kölzer, MGH DM I p. 459), nomme l'abbé Berthoaldus. Ce personnage n'est pas connu autrement. Mais il ne paraît pas possible de nier son existence, si l'on considère que le faux en question a été présenté au roi Pépin en 768 par l'abbé de Saint-Denis Fulradus pour confirmation (MGH DK I n° 25 p. 34-35), sachant que Charles (Martel) a confié à Saint-Denis l'éducation de son jeune fils Pépin (cf. Werner, 1980, p. 133 n. 35). La même remarque peut être appliquée à la date du faux. De tout ceci, il resssort qu'un abbé Berthoaldus présidait très vraisemblablement encore aux destinées du monastère en 723.

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30 avril 2007, modifiée le 21 juin 2007