G R I M O

abbé de Corbie, attesté en 739

Le pape Grégoire III, menacé par le roi lombard Liutprandus, envoie en 739 une légation au maire du palais Charles Martel en lui demandant son secours [1]. Celui-ci y répond par l'envoi d'une ambassade confiée à Grimo, abbé de Corbie [2], et à un reclus [3] du monastère de Saint-Denis, Sigobertus, sans toutefois s'engager plus [4].
Un chroniqueur de Corbie du XVIe siècle [5] veut savoir que Grimo obtint la confirmation de l'immunité de son monastère [6] des rois Childebert III [7] et Dagobert II [8].
Les anciens catalogues de Corbie [9] font succéder Grimo à Sebastianus [10] et mourir un 09 octobre [11].
Il est souvent admis, se basant sur un passage d'une lettre du pape Zacharias [12], que Grimo est le même personnage que avec l'archevêque Grimo de Rouen [13], mentionné en 744 (ou 743) [14].


[1] Fredegarii continuationes c. 22, Haupt, Quellen,  p. 292 (+ traduction allemande p. 293); Duchesne, Liber Pontificalis, I, p. 424-425 n. 34; Annales Mettenses priores, MGH SS rer. Merov. 50, p. 30-31 (pour 741); Gesta sanctorum patrum coenobii Fontanellensis c. 8.2, Pradié, Chronique, p. 100 (traduction française p. 101); Riché/Tate, Textes, p. 243-247 avec traduction en français; cf. BM² 41d p. 19.
[2] Il est possible qu'à cette occasion Grimo ait ramené des manuscrits qui ont contribué à cette grande activité du scriptorium de Corbie, qualifiée parfois de "renaissance pré-carolingienne" (cf. Mordek, Kirchenrecht, p. 86-94 et n. 122; Ganz, Corbie,  p. 20; Laporte, Grimo, p. 50-53).
[3] Sur les reclus à cette époque, cf. Laporte, Grimo, p. 54.
[4] Jarnut, Die Adoption, p. 221-225; Brunterc'h, Archives, I, p. 188-190.
[5] Chronicon Corbeiense, texte écrit par  Antoine de Caulaincourt, official de Corbie, au début du XVIe siècle (manuscrit latin 17757 de la Bibliothèque nationale en original, resté inédit): cf. Levillain, Examen critique, p. IX-XII.
[6] Bibl. Nat., lat. 17757, fol. 6 v°: voir Levillain,  p. 73-74 n. 6.
[7] Childebert III régna de 694 à 711. Diplôme perdu, cf. MGH DM/II Dep. 342 p. 640; Levillain, Examen critique, n° 13 p. 234, voir aussi p. 73. Ce diplôme a bien existé, puisqu'il est cité dans ceux de Pépin et de Charlemagne qui confirment au monastère les diplômes d'immunité accordés précédemment (Levillain, n° 16 et 18 p. 237-242). Mais mentionnaient-ils Grimo?
[8] Dagobert III (711-715). Diplôme perdu, cf. MGH DM/II Dep. 361 p. 647; Levillain, n° 14 p. 234-235. Mêmes remarques que pour le précédent.
[9] Les plus anciens sont du XIIe siècle (cf. Levillain, op. cit., p. 317-319); cf. Gallia Christiana, t. 10, c. 1266.
[10] Un diplôme du roi Childéric II du 29 avril 716 en faveur du monastère de Corbie, dans une copie du IXe siècle (MGH DM/I n° 171 p. 424-426; Levillain, n° 15 p. 235-327; MGH Pertz n° 86 p. 76-77), mentionne le venerabilis Sebastianus abba (voir les remarques de Levillain, p. 74 n. 2; le diplôme débute avec une référence à un relegiosus et venerabilis abba qui n'est pas nommé, mais le nom de l'abbé Sebastianus se retrouve plus bas dans le texte de la main originale; cf. Laporte, Grimo, p. 58-59 n. 2). La Gallia Christiana, t. 10, c. 1266 donne comme date du décès de Sebastianus, sur la base d'un vetus chronicon, celle de 723. Si Caulaincourt disait vrai, il faudrait admettre que Grimo, lors des évènements suivant la mort du maire du palais Pépin en 714, aurait été remplacé par Sebastianus, puis qu'il aurait retrouvé son monastère à la mort de celui-ci (cf. Ganz, Corbie,  p. 19-20; Semmler, Sukzessionskrise, p. 17 n. 117; Laporte, Grimo, p. 48-49; Pycke J., dans DHGE 22 c. 276-278).).   
[11] Levillain, p. 319 (cf. supra n. 9). Son successeur à la tête de l'abbaye, Leodegarius, est attesté en (? 762).
[12] MGH Epist. sel. n° 57 p. 103 (voir plus haut n. 1): Zacharias dit avoir déjà fait la connaissance de l'archevêque de Rouen Grimo, ceci pouvant dater de la mission de l'abbé de Corbie Grimo à Rome (cf. Tangl, Studien, p. 170 n. 361; Laporte, Grimo, p. 23-24, 54; Mordek, Kirchenrecht, p. 93-94 et n. 139; Pycke J., dans: DHGE 22 c. 276-278).
[13] Grimo, archevêque de Rouen, est attesté en 744 (ou 743).
[14] Semmler, Sukzessionskrise, p. 17-18 n. 117 émet des réserves quant à cette identité, se fondant sur les Gesta sanctorum patrum Fontanellensis coenobii qui parlent de l'archevêque de Rouen et de l'abbé de Corbie comme s'il s'agissait de deux personnages différents. Parlant de Raginfridus, évêque de Rouen et abbé de Fontenelle, le chroniqueur s'exprime ainsi: "il était ignorant des lettres, tout comme ses prédécesseurs, Grimo (l'archevêque de Rouen) et Wido (abbé de Fontenelle)" (Pradié, Chronique, c. 8.1 p. 96-97, voir aussi c. 8.2 p. 100-101). Cette mise sur le même pied de Grimo, abbé de Corbie, et de Wido serait surprenante, si l'on sait que le scriptorium de Corbie fut très actif vers cette époque (Antoine de Caulaincourt, Chronicon Corbeiense, fol. 6r, voir supra n. 5, souligne le savoir remarquable de l'abbé de Corbie Grimo (cf. Laporte, Grimo, p. 49; supra n. 2). Ni le tome 10 c. 1266 de la Gallia Christiana ni le tome 11 c. 18 (respectivement pour Grimo, abbé de Corbie et pour Grimo, archevêque de Rouen), ne mentionnent une telle identité.