A I D U L F U S [1]

évêque d'Auxerre (milieu du VIIIe siècle)

Les Gesta Pontificum Autissiodorensium [2], dont la première rédaction date sans doute aux années 872/875 [3], rapportent que l'évêque (d'Auxerre) Aidulfus [4], ex cantore episcopus, siège 15 ans [5]. Sous son épiscopat [6], les biens de son église sont sécularisés et partagés entre six princes bavarois [7], les abbayes attribuées chacune à un abbé [8], cent manses seulement étant laissés à l'évêque qui en aurait éprouvé une telle humiliation que, atteint de paralysie, il est privé de toutes ses capacités physiques. Reclus jusqu'à sa mort dans le même logis que son prédécesseur Clemens qui vivait encore [9], Maurinus [10] assume alors à sa place les fonctions publiques. Aidulfus donne à l'église Saint-Etienne des biens de son patrimoine en Tonnerrois à Montiniacus [11]. Il meurt un 13 novembre [12] et est enseveli dans l'église Saint-Germain [13].


[1] Autre forme onomastique: Aldulfus.
[2] Sot, Les Gestes, p. 134-135 (avec traduction en français); MGH SS XIII p. 395.
[3] Sot, Les Gestes, p. VIII. Manuscrits et éditions, cf. p. XXXIX-XLVIII.
[4] La table en tête des Gestes l'indiquent comme 32e évêque d'Auxerre (cf. Gestes, p. 4-5; Duchesne, Fastes, II, p. 442-443, 449; Gallia Christiana, XII, c. 272).
[5] Les Gesta rapportent que l'évêque Aidulfus vécut temporibus Karoli maioris (Charles Martel, 714-741), et perdurauit usque ad Pipinum (Pépin, 741-751-768). Quel crédit faut-il attribuer à cette affirmation, alors que l'on sait que les Gesta "sont sujets à s'embrouiller dans les synchronismes" pour cette période (cf. par exemple la notice sur l'évêque Hainmarus, Sot, Gestes, p. 128-133 et notes p. 325-326)? Sot, Les Gestes, p. LVI-LVII, place son épiscopat de 756 à 771 (avec note 307 p. 134), Vidier/Mirot, Obituaires, III, p. XII-XIII de 748 à 763, Duchesne, Fastes, II, p. 449, de 751 à 766.
[6] Il ne ressort pas clairement du texte des Gesta auquel des deux princes il est fait référence (cf. par exemple Jahn, Ducatus, p. 172-176 qui propose de placer éventuellement ces évènements en 740/741; Sot, Les Gestes, p. 136 n. 309 pense que ces concessions sont liées à la politique franque en Bavière depuis 749; Wollasch, Das Patrimonium, p. 219, Semmler, Zu den bayrisch-westfränkischen Beziehungen, p. 423-424, parlent de Pépin, comme Voigt, Die karolingische Klosterpolitik, p. 52-53; Wood, The Merovingian Kingdoms, p. 280, met cette sécularisation, sous réserves, en rapport avec la politique de Charles Martel en Bourgogne).
[7] Ces personnages ne sont pas connus autrement. Il faut relever que trois évêques d'Auxerre du siècle suivant sont d'origine bavaroise (Sot, Les Gestes, p. 143, 149, 155).
[8] C'est à dire ne relevant plus en fait du pouvoir épiscopal (cf. Sot, Les Gestes, p. XIII).
[9] Clemens, évêque d'Auxerre, n'est pas connu autrement.
[10] Les Gestes attribuent à Maurinus un épiscopat d'une durée de 28 ans et le font vivre au début du règne de Charlemagne.
[11] Divers Montigny sont proposés (cf. Sot, Les Gestes, p. 136 n. 310; Chaume, Les origines, II, p. 946).
[12] Vidier/Mirot, Obituaires, III, p. 244 au 13 novembre: Ob. Aldulfus episcopus, qui instituit hac die de suo hospitale fratribus refectionem preparari (martyrologue obituaire de l'église cathédrale d'Auxerre, dont le manuscrit original semble avoir été écrit à la fin du Xe ou au début du XIe siècle, cf. p. 223).
[13] Cf. plan d'Auxerre chez Sot, p. 330; Louis, Les églises, p. 15.