R E G I M B E R T U S[1]

abbé de Moyenmoutier (VIIIe siècle)

Des sources du XIe siècle[2] rapportent[3] que Regimbertus[4] succède[5] au fondateur du monastère de Moyenmoutier[6], Hildulfus[7]. Il aurait eu un abbatiat de annis non minus quinquaginta [8] et meurt un 28 janvier. Le Liber de sancti Hildulfi successoribus in Mediano monasterio mentionne deux donations[9] faites de son temps au monastère[10]: avec l'accord de son mari Ricpertus, Theudelinda illustris matrona transmet son praedium Ahenaim[11]; le vir nomine Gunbertus, filius Trupperti, cède portionem sui in alio praedio Hundinisheim[12]. L'abbé fait construire deux églises sur ces biens, l'une[13] dédiée à saint Maximin de Trèves[14], l'autre à saint Pierre.


[1] Variantes: Reginbertus, Raimbertus, Reymbertus.
[2] Vita tertia S. Hildulfi (AA. SS. Julii, III, p. 228-238), Liber de sancti Hildulfi successoribus in Mediano monasterio, nommé aussi Libellus de successoribus sancti Hildulfi in Vosago (MGH SS IV, p. 86-92), Vita Deodati (AA. SS. Junii, IV, p. 869-883). Les deux premières oeuvres ont probablement été rédigées entre 1016 et 1018, la troisième peut-être par le moine Humbert de Moyenmoutier en 1048/1049 (cf. Dischner, 1996, p. 15-16, 43; Jérome, 1898, p. 224-228. Gauthier, 1980, p. 341-342, suivant en cela Pfister, 1889, p. 537-540, les attribue toutes trois à Humbert, ainsi que Michel, 1953, p. 225-259. Stoclet, 1993, p. 88 n. 1, ne se prononce pas).
[3] Vita tertia, p. 236, cap. 21; Libellus, p. 87, cap. 1; Vita Deodati, p. 881, cap. 23.
[4] Cf. aussi Gallia Christiana, 13, 1874, col. 1401, dont les dates ne peuvent être retenues.
[5] La Vita tertia P. Hildulfi  (AA. SP. Iul. III p. 228-238 c. XXI, ici p. 236) donne quelques indications chronologiques, mais leur valeur est contestable du fait de l'éloignement des faits qu'elle rapporte: Post beatum gloriosi pontificis Hildulfi transitum Reginbertus regiminis subiit officium. Huius tempora et opuscula sub regibus Theodorico (720-737) atque Childerico iuniore (743-751), Pipinoque, filio ducis Caroli (741-768, roi en 751), sunt decursa. Si l'on peut ajouter foi à ces renseignements, Reginbertus serait devenu abbé  au plus tôt entre 720 et 737. La fondation du monastère de Moyenmoutier par Hildulfus peut être datée d'environ 700 (cf. Anton, 1990, p. 112-113; Gauthier, 1980, p. 342-343; Ewig, 1954, p. 131-132). Comme la Vita tertia (S. 236 cap. 20) indique que Hildulfus a gouverné Moyenmoutier pendant 36 années, il serait mort peu avant ou après 736 (cf. Eckhardt, 1975, p. 122-128). En conséquence, l'abbatiat de Reginbertus aurait commencé effectivement du temps du roi Theodericus, mort entre le 01 janvier et le 15 mars 737 (cf. Weidemann, 1999, p. 205-209, 230). L'année de la mort de Hildulfus donnée par la Vita tertia  (cf. infra n. 6) repose vraisemblablement sur une confusion avec le Hidulfus enseveli en 707 à Lobbes (cf. Dierkens, 1985, p. 98-99). 
[6] Mediano monasterio, ainsi nommé parce que situé entre les monastères de Senones et d'Etival (cf. Gauthier, 1980, Figure 15, p. 301): dép. Vosges, arr. Saint-Dié, cant. Senones.
[7] Hildulfus est certainement mort un 11 juillet, mais probablement pas en 707 comme l'auteur de la Vita tertia S. Hildulfi (p. 236, cap. 20; cf. aussi la Vita Deodati, p. 881, cap. 23. A propos de celle-ci, cf. Jérome, 1898, p. 152-155, 202-210) l'affirme  (voir supra n. 4).
[8] Sur la base des renseignements du Libellus et des hypothèses formulées plus haut, Reginbertus serait mort vers les années 785/790. Si la liste des abbés de Moyenmoutier donnée par le Libellus est complète, Sundrabertus lui a succédé. L'auteur ne savait que peu de choses à son sujet, sinon que son abbatiat aurait eu une durée de viginti et eo amplius annos (MGH SS IV p. 87 cap. 2). La seule mention datée connue de cet abbé est de 791 (Stengel, 1958, n° 187 p. 281-283: terra sancti Petri de monasterio Sundalberti abbatis. Voir aussi la liste de moines inscrite dans le Liber confraternitatum de Reichenau sous le titre de Nomina fratrum de monasterio quod Mediano nuncupatur conduite par Sundarberto abb.: MGH Libri mem. et Necr., NS I, pag. LXV= MGH Piper, p. 230, col. 254). Si l'on admet, vu la rareté du nom, que ce personnage est identique au Sundrabertus d'une liste de moines du monastère voisin de Senones inscrite dans le Liber confraternitatum de Reichenau (MGH Libri memoriales et Necrologia, NS I, pag. LXIV = MGH Piper p. 228 c. 250), liste à mettre vraisemblablement en rapport avec le synode d'Attigny de (? 762) (cf. Schmid/Oexle, Voraussetzungen, p. 108-109), alors Sundrabertus ne serait devenu abbé de Moyenmoutier qu'après cette date.   
[9] MGH SS IV, p. 87 cap. 1; vgl. Bruckner, 1949, p. 115, n° 191.
[10] Au XIVe siècle, le moine Jean de Bayon rapporte dans sa chronique (Chronicon Mediani Monasterii, cf. Jérome, 1898, p. 157-159) que le monastère aurait à cette époque encore reçu d'autres biens qu'il énumère (Jérome, p. 240-242).
[11] Niedernai: Bas-Rhin, arr. Sélestat-Erstein, cant. Obernai.
[12] Hindisheim: Bas-Rhin, arr. Sélestat-Erstein, cant. Erstein (cf. Stoclet, 1993, p. 142 n. 3; Barth, 1980, col. 562).
[13] Feldkirch (cf. Grandidier, 1899, p. 195), église mère de Niedernai, ravagée par un incendie en 1785. N'est aujourd'hui plus qu'un lieu-dit (cf. Barth, 1980, c. 929-933).
[14] Cette dédicace est certainement à mettre en rapport avec les relations du fondateur du monastère Hildulfus avec Trèves (cf. Mayr, 1990, p. 211-212).