U U A R N H A R I U S [1]

? comte, (? avant 741)

La charte de fondation du monastère de Hornbach [2], qui dans sa forme actuelle est probablement une refonte d'une charte ayant réellement existé [3], expose que Uuarnharius [4] ... comis [5] uir inluster donne à Perminio episcopo [6] atque eius peregrinis monachis [7] le lieu appelé Gamundias [8] inter duos fluuiolos nomen uni Trobalba  et alter Suabalba [9]. L'acte porte les signa de ses fils Nantharius [10], Herloinus [11] et Rotharius ainsi que celui de son frère Adalhardus.
La Vita s. Pirminii [12] rapporte que le vir nobilis nomine Wernharius, alta prosapia Francorum ortus, désirant que Pirminius s'établisse sur ses terres, celui-ci fonde un monastère en un lieu appelé Gamundium [13].


[1] Variante: Wernharius.
[2] Doll, Das Pirminskloster Hornbach, 1953, p. 141-142.
[3] Doll, op. cit., p. 108-140, qui pense pouvoir dater sa rédaction de entre 814 et 819. Cf. Angenendt, Monachi, 1972, p. 101-102; Neubauer, Regesten, 1904, n° 1 p. 1; Pöhlmann, Nachträge, 1937, p. 50; la bibliographie de Gauthier, L'évangélisation, 1980, p. 344 n. 422.  La datation de l'acte, sub die pridie kalendas augustas (= 31 juillet) regnante sub Carolo maiore in domo Theuderico rege anno XX, ne peut être retenue dans sa forme actuelle. De plus, ce roi a régné de 721 à 737, c'est à dire seulement 17 ans, et le nombre XX  a été rajouté après la rédaction de l'acte (cf. Doll, op. cit., p. 111). Le texte mentionne le maire du palais Charles (Martel) comme encore vivant, serait donc à placer avant sa mort le 22 octobre 741 (cf. Angenendt, op. cit., p. 102). Si l'on accepte la souscription de l'évêque de Metz Sigibaldus au bas de l'acte, celui-ci étant mort le 26 octobre peut-être en 741 (cf. Gauthier, op. cit., p. 397), cela viendrait confirmer ce qui vient d'être dit au sujet de la date.     
[4] Ce personnage (dont Pöhlmann, Die älteste Geschichte, 1953, p. 27-36 pense qu'il s'agit d'une erreur)  est sans doute un membre d'une branche de la famille des Widonides (cf. Stoclet, Autour de Fulrad, 1993, p. 135-136 n. 4), en la possession de laquelle le monastère de Hornbach est encore longtemps attesté. Cf. Metz, Miszellen, 1965, p. 3-4, 18-19; Doll, op. cit., p. 124-129; DHGE 24 c. 1131 (G. Michiels). Un comte Uuarnarius (une interpolation?) est mentionné dans une charte de 715 lors d'une donation de Hugo sacerdos (petit-fils de Pépin dit d'Héristal), Arnulfus dux, Pippinus et Godefridus (frères du précédent), à la basilique des Saints-Apôtres  de Metz (Heidrich, Die Urkunden, 1998, n° 8 sur 5 pages; cf. Semmler, Sukzessionskrise, 1977, p. 20 n. 131). Un Warnherius, fils de Nantherius, donne au monastère de Lorsch des biens situés en Lobdengau le 02 avril 767 (Glöckner, Codex Laureshamensis, II, 1933, n° 801 p. 234; cf. Alter, Die klösterlichen Wohltäter, 1999, p. 249-250).
[5] Ce titre est-il une interpolation ? Le Signum + ipsius Uarnharii au bas de la charte n'en fait pas mention, ni d'ailleurs la Vita s. Pirminii (cf. infra).
[6] Evêque (cf. Frank, Die Klosterbischöfe, 1932, p. 113-119), fondateur de nombreux monastères, à commencer par celui de la Reichenau pour finir par Gamundias/Hornbach où il meurt le 03 novembre d'une année indéterminée (? 753, cf. Angenendt, op. cit., p. 36-40). Nombreuse littérature, voir par exemple l'article qui le concerne sur Wikipedia ou dans le Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon, éditions Bautz, sur internet. Cf. aussi infra sa Vita. Il n'est pas certain qu'il soit resté abbé de ce dernier monastère jusqu'à sa mort (cf. Angenendt, op. cit., p. 40).
[7] Cf. Angenendt, op. cit., p. 101.
[8] Aujourd'hui Hornbach, Allemagne, Sarre, Lkr. Pirmasens  (diocèse de Metz); le nom de Gamundias est resté en usage jusque vers le milieu du IXe siècle (MGH D LothII n° 24 p. 421-422: Gamundias seu Horumbach).
[9] Plutôt entre Schwalb et Horn (cf. Pöhlmann, Die älteste Geschichte, p. 44).  
[10] Le nom de Nantharius apparaît de nouveau en rapport avec Orombach (Hornbach) pour l'époque de l'empereur Charlemagne comme s'étant rendu coupable d'usurpations au détriment du monastère (diplôme de Louis le Pieux du 08 janvier 823: Stoclet, op. cit., p. 510-512 avec analyse; cf. aussi p. 136-137), mais est cité à plusieurs reprises dans le cartulaire du monastère de Lorsch pour le Wormsgau et le Lobdengau à partir de 766 sans que l'on puisse attribuer ces différentes mentions (cf. Alter, op. cit., p. 247-249).   
[11] Dans une charte du 12 mai 796 (Stoclet, op. cit., p. 512-513), le comte Wido donne une villa aux reliques qu'Erluinus lui a jadis cédées par ses traditiones; Stoclet, p. 135-136 et n. 4 pense qu'il s'agit en fait du monastère de Gamundias, quod a nostris progenitoribus … novimus esse constructum, les circonstances de cette cession nous échappant. Un comte Herloinus figure parmi les témoins du diplôme du roi Pépin en faveur du monastère de Prüm du 13 août 762 (MGH DK I n° 16 p. 21-25).
[12] Il n'est possible ni de fixer avec certitude son lieu d'origine et sa date de rédaction (? entre 815 et 870/880, plutôt le 3e quart du IXe siècle) ni de séparer ses éléments historiques des parties légendaires. Cf. Angenendt, op. cit., p. 24-54.
[13] Antoni, Leben und Taten, 2002, c. VI (9) p. 80-81, c. VIII (11) p. 88-89 et c. IX (14) p. 100-101.