A R N E F R I D U S [1]

abbé du monastère de Reichenau, mentionné 741/747
évêque de Constance

Arnefridus abba souscrit la charte du 19 novembre regnante Carlomanno duce [2], établie à Benken [3], par laquelle Beata donne au monastère situé sur l'île de Lützelau [4] divers biens et homines [5]. Lorsque Beata vend ces biens et d'autres au monastère de Saint-Gall, la charte datée du 09 novembre anno III regnante Hiltrihho rege sub Carlomanno maioredomo établie aussi à Benken [6] porte de nouveau le signum Arnefrido abbate [7].
Walahfrid Strabo, dans sa Visio Wettini composée en 825/826 [8], attribue à Ermenfredus 10 ans d'abbatiat [9] à la tête du monastère de Reichenau [10].
Une liste de nomina defunctorum fratrum insolanensium (= Reichenau) inscrite dans le Liber confraternitatum avant novembre 824 [11] débute par la série des noms des abbés du monastère [12] comprenant Ermanfrid eps. [13] après Sidonius eps. [14].
C'est probablement sur ces renseignements que repose la chronique du moine Herimannus de Reichenau du XIe siècle [15] quand il affirme [16] que le moine (de Reichenau) [17] Ernfredus devient abbé de ce monastère et évêque de Constance en 736 [18], succédant à Keba [19].
Les plus anciennes listes épiscopales de Constance connues datent des XIIe [20] et XIIIe siècles [21] et ne sont d'aucune aide pour fixer les dates extrêmes de l'épiscopat d'Arnefredus [22].   


[1] Variantes: Ermanfrid, Ermenfredus, Ernfredus, Arnefredus, Ernfridus.
[2] Wartmann, Urkundenbuch, n° 7 p. 7-8. Cet acte est à placer sans aucun doute avant le suivant; Wartmann se décide pour 741, alors que Borgolte, Chronologische Studien, p. 140-143, préfère ne pas se prononcer et indique la fourchette 741/745 (ainsi que dans: Kommentar, p. 332).  
[3] Babinchoua monasterio: Suisse, cant. St. Gallen, Bezirk Gaster.
[4] Ile du lac de Zürich supérieur.
[5] Cf. Schnyder, Die Gründung, p. 154-157.
[6] Original. ChLA II n° 159 p. 101; Wartmann, Urkundenbuch, n° 10 p. 11-12. Copie: ChLA I n° 42 p. 42. La datation correspond normalement à l'année 744, mais Borgolte, Chronologische Studien, p. 140-143, la date de 743/746 (ainsi que le même dans Kommentar, p. 332-333), le terminus ante quem, mort d'Arnefridus, datée traditionnellement de 746, étant à pourvoir d'un point d'interrogation (cf. infra n. 22). Le maire du palais Carloman abdique en 747.
[7] La présence d'Arnefridus parmi les témoins de ces deux actes pourrait laisser supposer une parenté avec la famille de Beata (cf. Maurer, das Bistum, p. 42).
[8] Knittel, Visio Wettini, p. 111 n. 116.
[9] Ce nombre est à utiliser avec circonspection (cf. Schütz, Zur Frühgeschichte, p. 12-13; Knittel, Visio Wettini,  p. 17-19; Maurer, das Bistum, p. 41).
[10] Knittel, Visio Wettini, p. 46 (avec traduction en allemand p. 47).
[11] MGH Libri memoriales et Necrologia, NS I, p. LXV-LXVIII; Rappmann/Zettler, Die Reichenauer Mönchsgemeinschaft, p. 42.
[12] Pirminius eps – Eddo eps – Sidonius eps – Ermanfrid eps – Iohannis eps - …
[13] MGH Libri memoriales et Necrologia, NS I, pag. 6 p. 16 = MGH Piper p. 160 c. 24.
[14] Cette liste montre, que lors de sa rédaction, on ne possédait pas de catalogue abbatial (cf. Schütz, Zur Frühgeschichte, p. 11-12), ce qui peut expliquer cette inversion (cf. infra n. 22).
[15] Schütz, Zur Frühgeschichte, p. 11-13; Maurer, das Bistum, p. 39-41.
[16] ad a. 736: … Augiae defuncto post 2 annos Keba, Ernfredus monachus, Augiae abbas et Constantiae episcopus factus, praefuit annis 10 (MGH SS V p. 98).
[17] Rien ne vient étayer cette affirmation (cf. Maurer, das Bistum, p. 39-40).
[18] Cette date repose-t-elle sur celle de la mort de l'évêque Audoinus en 736 (cf. Ladewig/Müller, Regesten, p. 5 n° 23), alors qu'il n'est même pas établi avec certitude que celui-ci a bien été évêque de Constance? Cf. Maurer, das Bistum, p. 38; du même, HESA I/2/1 p. 243; Schütz, Zur Frühgeschichte, p. 16; infra n. 22. Il faut remarquer qu'Arnefridus n'est qualifié que d'abbas dans les deux chartes mentionnées supra (cf. n. 2 et 6). N'est-il devenu évêque que plus tard, c'est à dire au plus tôt en 743? Cf. HESA I/2/1 p. 243.
[19] Le Geba de la Visio Wettini de Walahfrid Strabo (Knittel, Visio Wettini, p. 44-45; aussi Liber confraternitatum de Reichenau, MGH Libri memoriales et Necrologia, NS I, p. 160; cf. Rappmann/Zettler, Die Reichenauer Mönchsgemeinschaft, p. 54-55; Schütz, Zur Frühgeschichte, p. 11-13).
[20] Series Zwifaltensis, MGH SS XIII p. 324-325.
[21] MGH SS II p. 39 et MGH SS XIII p. 324-325.
[22] Cf. Maurer, das Bistum, p. 1-2 et HESA I/2/1 p. 229. Le moine Herimannus de Reichenau, dans sa Chronique, fixe à l'année 746 le début de l'abbatiat et de l'épiscopat de Sidonius (MGH SS V p. 99). Mais dans quelle mesure cette date ne repose-t-elle pas aussi sur les calculs du chroniqueur? Cf. supra n. 15; Schütz, Zur Frühgeschichte, p. 42. Sidonius n'est attesté que pour les dernières années avant sa mort vraisemblablement en 760. Des chroniques de Constance du XVIe siècle rapportent une donation effectuée en faveur de l'église de Constance qu'elles datent de l'année 753 et placent sous l'épiscopat de notre évêque, mais qui n'est pas vérifiable (cf. Maurer, das Bistum, p. 42-43). Il n'est pas exclu qu'Arnefridus ait été déposé lors de la réorganisation de l'Alémannie par les Francs (cf. HESA I/2/1 p. 243).