S I D O N I U S [1]

évêque de Constance, mentionné probablement en 757,
abbé de Reichenau

En mai 757 [2], à Compiègne [3], Sedonius [4] ac si peccator episcopus souscrit la charte de l'évêque Chrodegangus de Metz établie en faveur du monastère de Gorze.
Walahfrid Strabo, au IXe siècle, rapporte que Warinus et Ruadhardus, qui … tunc temporis [5] totius Alamanniae curam administrabant [6], traduisent l'abbé Otmarus de Saint-Gall devant un concilium [7], pour l'emprisonner apud villam Potamum palatio, puis finalement l'envoient en exil sur l'île rhénane de Stein [8]. Après la mort de l'abbé [9], ils poussent Sidonium Constantiensis ecclesiae praesulem …, ut idem monasterium episcopii partibus subicere studeret. Parmi les historiographes de Saint-Gall [10], Ratpertus, vers la fin du IXe siècle [11], précise que Sydonius Constantiensis praesul … instigantibus pręfatis comitibus, cępit inquirere monasterium nostrum et in potestatem episcopatus redigere et que, pour avoir leur aide, il leur promet et leur cède Vina [12], Turinga [13], Engi [14], Antolvinga [15] et Uzinhaha [16], biens de Saint-Gall. Puis Sydonius ... perfecit monasteriumque in ius episcopatus redegit [17].
Le 08 mars 780 [18], Charlemagne confirme un contrat [19] passé entre l'évêque Sedonius de Constance et l'abbé Johannis [20] de Saint-Gall par lequel, avec l'accord de l'évêque Haeddo [21], il est stipulé que l'évêque laissera à l'avenir les moines du monasthirium sancti Gallone, qui aspicit ad ecclesiam sanctae Mariae urbis Constantiae, exercer en toute tranquillité leur vie monacale et que l'abbé pourra disposer librement de ses biens contre paiement d'un cens annuel [22].
Sidonius eps. [23] meurt [24] le 04 juillet [25] ? 760 [26] dans son monastère de Reichenau [27].


[1] Variantes: Sedonius, Sydonius.
[2] Original perdu. Cartulaire de Gorze du XIIe siècle: MGH Conc. II,1 p. 59-63; Herbomez (d'), Cartulaire, n° 4 p. 9-13; Reumont, Zur Chronologie, p. 275.
[3] Il a donc assisté au concile qui se tint dans cette ville (cf. Hartmann, Die Synoden, p. 76-79;  de Clercq, La législation, p. 137-142; BM² 85 a p. 44).
[4] Il est communément admis, comme par exemple encore récemment par Maurer, Das Bistum, p. 45, qu'il s'agit de l'évêque de Constance de ce nom. Mais Stoclet, Autour de Fulrad, p. 261 n. 3 pense qu'il pourrait tout aussi bien s'agir de l'évêque Sedonius de Passau en Bavière, mentionné en 754 (Heuwieser, Die Traditionen, n° 5 p. 5-6).
[5] A l'époque des évènements en rapport avec la mort d'Otmarus, abbé de Saint-Gall (16 novembre 759).
[6] Miracula sancti Galli, cap. 15 (Duft, Sankt Otmar, p. 46-47 avec traduction en allemand; MGH SS II p. 24; MGH SS rer. Mer. IV p. 323-324). Rédigés par Gozbertus Diaconus, moine de Saint-Gall, vers 830, mais dont nous ne possédons que la transcription réalisée par Walahfrid Strabo, moine de Reichenau, vraisemblablement en 833/834. Cf. Duft, ibid., p. 14-15. L'interprétation commune de ce passage est de voir ces deux comtes Warinus et Ruadhardus comme ayant la gestion de la réorganisation franque de l'Alémannie après la disparition de ses ducs (cf. Borgolte, Geschichte, p. 245-258; du même, Die Grafen, p. 283). 
[7] Cette mention d'un concilium peut laisser supposer l'intervention de l'évêque diocésain. Cf. MGH SS rer. Germ. 75 p. 155-156 n. 79 (ajout du XVIIe siècle); Maurer, das Bistum, p. 46.
[8] Bodman(-Ludwigshafen), Allemagne, Baden-Württemberg, Lkr. Konstanz. Stein am Rhein, Suisse, cant. Schaffhouse, ch.-l. district; île de Werd, comm. Eschenz, cant. Thurgau , distr. Steckborn.
[9] Mort le 16 novembre 759 (cf. HESA III,1,2 p. 1266-1268; Duft, St. Otmar, p. 281-283). Mais Wagner, Anmerkungen, p. 2-3, propose l'année 757 pour la déposition de l'abbé Otmar.
[10] Iso (+ 871), Vita S. Otmari, cap. 5 (Duft, Sankt Otmar, p. 52-53; MGH SS II p. 49-50); Ratpertus casus s. Galli, (MGH SS rer. Germ. LXXV [avec traduction en allemand] c. 2 p. 156-157; Duft, p. 54-57; MGH SS II p. 63); pour les suivants, cf. Borgolte, Grafen, bibliographie, p. 282-283.  
[11] Cf. MGH SS rer. Germ. LXXV p. 19-37; Dohrmann, Die Vögte, p. 360-362 n. 18.
[12] Vraisemblablement Pfyn, Suisse, cant. Thurgau, distr. Steckborn (cf. MGH SS rer. Germ. LXXV p. 157 n. 86; Borgolte, Die Grafen, p. 151-152).
[13] (Ober)teuringen , Allemagne, Baden-Württemberg, Bodenseekreis.
[14] Engi pourrait être Angin, peut-être un lieu disparu du nom d'Engenheim sur le territoire de Herten am Rhein (Stadt Rheinfelden, Allemagne, Baden-Württemberg, Lkr. Lörrach), mais aussi Engi sur le Rhin, mentionné dans la Divisio regnorum de 806 (MGH Cap., I, p. 127 c. 2) in confinio pagorum Chletgowe et Hegowe (Klettgau, cf. Borgolte, Geschichte, p. 208, et Hegau, ibid. p. 198). Cf. MGH SS rer. Germ. LXXV p. 157 n. 88; Borgolte, Die Grafen, p. 284.
[15] Probablement Andelfingen, Kleinandelfingen, Suisse, cant. Zürich, distr. Andelfingen (cf. MGH SS rer. Mer. LXXV p. 157 n. 89).
[16] Uznach, Suisse, cant. St. Gallen, distr. See. Il ressort d'un diplôme de l'empereur Louis le Pieux du 15 février 821 en faveur du monastère de Saint-Gall, qu'Uhcinriuda (Uznach, cf. Borgolte, Kommentar p. 376 n. 263), villa donnée au monastère par Pieta et son fils Lantprehtus, lui avait été enlevée du temps de l'abbé et évêque Joannes (cf. supra n. 20) et incorporée au fisc de Zürich (original: Wartmann, Urkundenbuch, n° 263 p. 249-250; Migne, Patrologia latina, 104, c. 1108-1109; cf. BM² 735 p. 295; cf. Borgolte, Die Grafen, p. 233; du même,  Geschichte, p. 79-82).  
[17] Le rôle de l'évêque Sidonius reste incertain; il s'agit plus vraisemblablement de l'abbé Johannes de Saint-Gall (759/760-782). Cf. MGH SS rer. Germ. LXXV p. 36-37; Borgolte, Geschichte, p. 81; du même, Die Grafen, p. 233, 283-284.
[18] Original. ChLA II n° 157 p. 97; MGH DK I n° 130 p. 180-181; cf. BM² 228 p. 95.
[19] Contrat passé donc après la mort de l'abbé Otmarus (cf. infra n. 9) et celle de Sidonius, donc fin 759/début 760.
[20] Johannes a été mis à la tête du monastère par les comtes Warinus et Ruadhardus en remplacement d'Otmarus.
[21] Heddo, évêque de Strasbourg, ancien abbé de Reichenau  (Bruckner, Regesta, n° 186 p. 111; cf. Schnyder, Heddo, Abt, p. 12, qui propose de comprendre son rôle ici dans le sens de domno Haeddone salubri consilio et non de per consensum domno Haeddone).
[22] Cf. Maurer, Das Bistum, p. 47-48.
[23] La liste épiscopale (cf. Maurer, Das Bistum, p. 1-7) le fait succéder à Arnefridus; diverses sources le font gouverner évêché et monastère pendant 13 ans (MGH SS 13 p. 325, 331; MGH SS 2 p. 37, 39; Walahfrid Strabo, Visio Wettini, p. 46-47; cf. autres sources chez Maurer, Das Bistum, p. 44; Ladewig/Müller, Regesten, p. 6 n° 28; HESA I,2,1br. 244-245). Herimannus, moine de Reichenau, dans sa chronique composée au XIe siècle, indique l'année 746 comme celle du début de son pontificat (MGH SS 5 p. 99), mais cette donnée est à utiliser avec prudence (cf. Maurer, Das Bistum, p. 39-41, 44; HESA I,2,1 p. 245 n. 2, 7-10).
[24] Sur les circonstances de son décès, telles que les décrivent Walahfrid Strabo (Duft, Sankt Otmar, p. 46-49) et Ratpert (MGH SS rer. Germ. 75 p. 156-159), cf. ce dernier ouvrage p. 159 n. 98.
[25] Nécrologues de Reichenau du IXe siècle (cf. Rappmann/Zettler, Die Reichenauer Mönchsgemeinschaft, p. 281-288): MGH Necr. I p. 277; Rappmann/Zettler, p. 293 n. 32.
[26] Herimannus (cf. supra n. 23) donne comme date de sa mort l'année 759, mais, si l'abbé Otmarus est mort le 16 novembre 759, comme cela semble établi (cf. toutefois Wagner, Anmerkungen, p. 2), Sidonius ne peut être mort qu'en 760 (cf. Borgolte, Chronologische Studien, p. 148-149).
[27] Cf. HESA III,1,2 p. 1068.