H E R L E M U N D U S

évêque du Mans (du temps de Pépin)

Son existence [1] n'est mentionnée que par les Actus pontificum Cenomannis in urbe degentium [2] et par les listes épiscopales [3].
A une époque indéterminée [4], Pépin [5], voulant intervenir dans la situation irrégulière de l'évêché manceau [6], aurait fait ordonner à Cologne comme évêque du Mans quendam clericum et sacerdotum suum, Herlemundum nomine, qu'il envoie dans cette ville et que Rogarius et les siens [7] sont obligés de recevoir. Herlemundus aurait pu exercer les fonctions épiscopales pendant neuf ans [8]. Toujours est-il qu'un jour l'évêque Gauziolenus lui aurait fait crever les yeux [9], sur quoi Herlemundus se serait retiré dans le monastère de Deux-Jumeaux [10], au diocèse de Bayeux, où son frère était abbé.


[1] Le Maître, Le Corpus Carolingien, II, p. 127-128, résume bien la situation lorsqu'il écrit: " …les Actus Pontificum sont trop partiaux à l'égard de Gauziolène pour que nous puissions tirer grand chose de cet épisode d'allure suspecte. Mais si l'épisode d'Herlemond II repose sur une base authentique plus ou moins altérée, ce qui est possible, il manifeste qu'à une certaine époque deux évêques se partagèrent le siège épiscopal du Mans." Cf. Weidemann, Bischofsherrschaft, p. 183; Busson/Ledru, Actus, p. LXII, LXVI-LXVII, 256 n. 9; Duchesne, Fastes, II, p. 324-325. En effet, du temps de Pépin (cf. n. 5 plus bas), il n'y a pas de place pour les neuf années d'épiscopat d'Herlemundus pendant celui de Gauziolenus, ce dernier attesté en 743/744, 749, 756, 762. Cf. infra.
[2] Busson/Ledru, Actus, p. 256-258. Composés du temps de l'évêque Aldricus du Mans (en 837 selon Le Maître, L'œuvre, p. 64), copies des XIIe/XIIIe et XVIIe siècles. Sur leur valeur historique, cf. Busson/Ledru, Actus, ainsi que Goffart, The Le Mans Forgeries, et  Havet, Oeuvres, passim. 
[3] Duchesne, II, p. 312 sqq., qui ne reprend pas Herlemundus dans la série des évêques du Mans p. 340; Gallia Christiana XIV c. 354-355; Havet, Oeuvres, p. 341-344.
[4] D'après Weidemann, p. 183, vraisemblablement après le concile de Soissons de 744. Pépin aura vraisemblablement essayé de limiter le pouvoir de Gauziolenus, de sa famille et de ses partisans (cf. Weidemann, Bischofsherrschaft, p. 183; Le Maître, Le Corpus, II, p. 127-128). Ces évènements sont-ils à placer vers 748/749 (cf. Semmler, Klöster, p. 124-127), en relation avec le récit des Gesta domni Aldrici (MGH Conc. II,2 p. 836; cf. Oelsner, Jahrbücher, p. 369, qui rejette ce récit comme invention; d'autres sont sceptiques, cf. Semmler, ibid., p. 124-125; Goffart, Liborius, p. 57 sqq.), selon lequel Pépin, se trouvant à passer par la région, Gauziolenus et Harivius(cf. infra n. 7) lui fermèrent les portes de la ville et se livrèrent contre lui à des hostilités qui coûtèrent la vie à son échanson. Ne pouvant châtier directement le coupables, Pépin interdit aux moines d'Anisola (= Saint-Calais) d'obéir désormais à l'évêque rebelle et place le monastère sous sa protection. Il n'est pas possible de connaître la part de la vérité dans ce récit qui ne figure pas dans les Actus.
[5] Les Actus rapportent que ce fut après la mort du roi Thierry (IV), survenue en 737, et ne donnent aucun titre à Pépin.
[6] L'évêque Gauziolenus aurait été consacré irrégulièrement, vivant en séculier et dilapidant le temporel de son église.
[7] Les Actus mentionnent Rogarius, comte du Mans, son fils Charivius (cf. Ebling, Prosopographie, n° 112, 131, 132, p. 105-106, 117-119), qui avait d'abord gouverné l'évêché, son autre fils, Gauziolenus, étant ensuite consacré irrégulièrement évêque du Mans.
[8] Peut-être Herlemundus ne faisait-il que remplir les devoirs journaliers de la charge pastorale (cf. supra n. 1), comme cela semble avoir été le cas pendant une certaine période à Reims du temps de Milo.
[9] Les Actus placent la conséquence de cet événement, le soi-disant aveuglement de Gauziolenus, du temps du roi Pépin, c'est à dire après novembre 751 (p. 258).
[10] Calvados, arr. Bayeux, cant. Isigny-sur-Mer.