G U N T B E R T U S [1]

évêque(-abbé) du monastère d'Ansbach, attesté en 786

Par un diplôme du 29 mars 786 [2], Charlemagne accorde au monastère bénédictin dédié à sainte Marie situé in pago Rangouui [3] in walto qui vocatur Vircunnia [4] au confluent des rivières Rethratenza [5] et Onoldisbach [6], édifié sur des biens propres par l'évêque [7] Guntbertus [8] qui en a fait don au roi, l'immunité ainsi que la liberté de l'élection abbatiale à la mort dudit évêque [9].
Le 20 décembre 837 [10], l'empereur Louis le Pieux confirme à l'évêque Hunbertus de Würzburg l'échange effectué entre l'empereur Charlemagne par l'intermédiaire de son missus, le comte Hunrogus [11], et Berouuelpus, évêque de Würzburg [12], par lequel ce dernier cède l'église Saint-Martin [13] in pago Graffelt [14] et reçoit les biens que le quidam homo Guntbertus nomine [15] lui avait transmis, en Badanachgau [16] à Vilchband [17], en Rangau à Marktbergel [18] et à Onoltespah [19], en Tullifeld [20] à Fischbach [21], Assia [22] et Pontigerna [23], ainsi que les biens du servus regius Richbertus en Wingarteiba à Osterburken [24] et Hemsbach [25] que feu l'évêque Erenbertus [26] avait obtenus du roi en bénéfice. Il ressort du texte du diplôme que lors de cet échange la confirmation impériale n'avait pas eu lieu interveniente incuria auctoritatis imperialis.
Cet échange est aussi l'objet d'une notice [27] non datée [28], le roi Charlemagne cédant le monasterium sancti Gumberti [29] episcopi in Onoltisbach situm cum omni jure ad ipsum pertinente monasterium per manum Ynrochi comitis … cum omnibus, quae in ipsis locis praedictus Gumbertus episcopus domino Karolo regi … condonavit contre l'église Saint-Martin sita … in quadam villa Brenti [30] nominata.


[1] Autres formes onomastiques: Gumbertus, Kundpertus, Gumprecht.
[2] Copie effectuée vraisemblablement vers 1600: Scherzer, Urkunden, n° 1 p. 1-2; MGH DK I n° 152 p. 205-207; cf. BM² 270 p. 111; Sickel, Urkunden II, n° K 105 p. 259-261; Scherzer, Der Übergang, p. 103-108;  du même, Ansbach, p. 1; Abel , Jahrbücher, I, p. 440 n. 1.
[3] Rangau/Rangowe, pagus situé en Mittelfranken (Allemagne, Mittelfranken/Moyenne Franconie), s'étend sur la Aisch (affluent de la Rednitz) supérieure jusqu'à la Regnitz (affluent du Main) (cf. carte chez  Stein, Geschichte).
[4] Il est admis que cette forêt appelée plus tard Virn-Wald couvrait anciennement toutes les hauteurs en Franconie; on peut aujourd'hui en considérer comme restes autour d'Ansbach le Feuchtlach-Wald, le Zeilberg-Wald ainsi que l'ancien Pfaffenforst et probablement le Harter Forst (cf. Scherzer, St. Gumbert, p. 29-30; Bayer, S. Gumberts Kloster, p. 28-30). 
[5] Fränkische Rezat, affluent de la Rednitz.
[6] Onolzbach, affluent de la Fränkische Rezat, confluent à Ansbach.
[7] Il n'existe aucun texte expliquant ce titre d'évêque (cf. Frank, Die Klosterbischöfe, p. 145-146; Büll, Die Klöster, p. 19-20 n. 65; Scherzer, Ansbach, p. 1; Bayer, S. Gumberts Kloster, p. 26-28). Il a été proposé de voir en lui éventuellement l'évêque Guntbertus de Sens, identification qui se heurte à des difficultés chronologiques (cf. Kasten, Adalhard, p. 32-34) ou un évêque claustral (cf. Frank, Die Klosterbischöfe, p. 146).
[8] Il est bien possible que Guntbertus soit identique au Gundpertus faisant partie des 13 viri magnifici à qui le pape Zacharias adresse une lettre probablement en 748 au sujet de leurs Eigenklöster (cf. Scherzer, Ansbach, p. 1; du même, St. Gumbert, p. 32; Büll, Klöster, p. 19; Bayer, op. cit. p. 15-18). Un comte Gunbertus est mentionné en 762 dans un diplôme du roi Pépin. La Vita (II) sancti Burkardi Episcopi Wirziburgensis du XIIe siècle rapporte qu'un uir illustrissimus nomine Gumbertus, qualifié plus loin de senior, après avoir déposé les armes et renoncé au siècle, donne à l'évêque de Würzburg ses possessions d'Eltimoin (= Eltmann, Bavière, Unterfranken, Kr. Haßberge) et d'Onoltespach (= Ansbach), ce qui ne peut être vrai, s'il en est ainsi, que pour Eltmann (cf. Bendel/Schmitt, Vita,  p. 69 n. 32; Bayer, op. cit., p. 67-68; voir aussi la Vita S. Gumberti, AA. SS. Iul. 4 p. 69-71, composée peut-être au plus tard dans la première moitié du XIIe siècle, mais sans valeur historique: cf. Poncelet, La Vie, p. 272-280; Fries, Chronik, p. 74 et n. 62).
[9] Il  serait mort un 11 mars (Engel, Seelbücher, p. 28 n° 86, p. 99, inscription du XVe siècle; cf. Scherzer, Ansbach, p. 1). Un évêque Kundpertus est inscrit au 12 mars dans le martyrologium Bedae de Würzburg de la 1re moitié du IXe siècle (Dümmler, Miszellen, p. 115-116; cf. Wellmer, Persönliches Memento, p. 13-20; Bischoff/Hofmann, Libri, p. 34-35; Wagner, Frühzeit, p. 112-113). Les Annales Necrologici Fuldenses (MGH SS XIII p. 169) mentionnent pour l'année 795 un Cuniperath (Cunibraht) en lequel Wagner, Zur Frühzeit, p. 112-113 et Scherzer, Ansbach, p. 1-2, proposent de voir le Guntbertus d'Ansbach. Mais l'onomastique donne à ces deux noms deux radicaux différents (Guntbertus = gunth/berht; Cunibraht = kuni/berht). Scherzer, St. Gumbert, p. 32, pense que Guntbertus aura transmis le monastère à Charlemagne à l'approche de la mort. 
[10] Original: Scherzer, Der Übergang, p. 115-118; Monumenta Boica, vol. 28, vol. I, pars I, n° XXI p. 31-33; cf. BM² 971 p. 394; Menke, Das Namengut,  p. 485. Sur les erreurs de ce diplôme, cf. Scherzer, Der Übergang, p. 108-113.
[11] Mentionné dans d'autres sources de (? 805/806) à 811.
[12] Mort peut-être le 26 septembre 800 (cf. Wendehorst, Das Bistum, p. 34).
[13] Des notes inscrites plus tard au dos du manuscrit mentionnent Brend/Brent = Brendlorenzen, ville de Bad Neustadt a. d. Saale,  Bavière, Unterfranken, Lkr. Rhön-Grabfeld  (cf. aussi le concanbium infra; Scherzer, St. Gumbert, p. 33-34).
[14] Grabfeld, pagus limité à l'ouest par la Fulda, à l'est par la Steinach, au sud par le Main près de Schweinfurt, au nord par la Werra; cf. carte Stein, Geschichte.
[15] Guntbertus est qualifié d'episcopus  plus loin dans le même diplôme.
[16] in pago Badanagaui: pagus en Franken sur la rive gauche du Main jusqu'à Heidingsfeld (cf. carte Stein, Geschichte).
[17] Filuhonbiunte: Baden-Württemberg, fait partie aujourd'hui de la comm. de Wittighausen, Main-Tauber-Kreis (cf. Bayer, op. cit., p. 56).
[18] Bargili: aujourd'hui en Bavière, Mittelfranken, Kr. Neustadt/Aisch-Bad Windstein (cf. Bayer, op. cit. p. 56-58). Selon une charte de l'évêque Reginhardus de Würzburg de l'année 1183 (que je n'ai pu consulter), Gumprecht aurait donné à son monastère Ottenhofen, qui fait aujourd'hui  partie de Marktbergel et en a peut-être constitué le noyau (cf. Scherzer, St. Gumbert, p. 30; diplôme de l'empereur Henri IV en faveur de sancti Gumperti de 1078, MGH DG VI,2 n° 307 p. 403).
[19] Ansbach (cf. Menke, Das Namengut, p. 247).
[20] in pago … Tollifelt: en Franken, entouré de trois côtés par le Grabfeld.
[21] Fiscpah: Fischbach, aujourd'hui comm. de Diedorf/Rhön, Thüringen, Wartburgkreis. Au sujet d'un monastère que Guntbertus y aurait éventuellement fondé, cf.  Güldenstubbe, Leben p. 18 et p. 26 n. 20; Bayer, op. cit., p. 59.
[22] Il ne s'agit pas d'un lieu, mais de la Hesse (cf. Scherzer, Übergang, p. 102-109).
[23] Böddiger, fait aujourd'hui partie de Feslberg, Schwalm-Eder-Kreis (cf. Scherzer, Übergang, p. 109-110).
[24] Burgheim: Baden-Württemberg, Neckar-Odenwald-Kreis.
[25] Heinuuinesbah: fait partie aujourd'hui de la commune précédente.
[26] Erenbertus, évêque de Worms, mort en 793.
[27] Scherzer, Übergang, p. 115. Il n'y a pas lieu de douter de l'authenticité de cette pièce, bien que connue seulement par des copies à partir de la fin du XVIe siècle/début XVIIe siècle. Cf. Scherzer, Übergang, p. 102-114.
[28] Les dates extrêmes sont le diplôme de Charlemagne de 786 et le couronnement de celui-ci comme empereur à la Noël 800, la notice, au contraire du diplôme de Louis le Pieux de 837, parlant bien du roi Charlemagne (cf. aussi Bosl, Franken, p. 82; Wendehorst, Das Bistum, p. 33-34).
[29] Gumbertus est honoré comme saint en Franken (cf. Büll, Die Klöster,  p. 19; DHGE 22 c. 1149-1150). Il existe une Vita de ce saint très peu digne de foi (AA. SS. Martii I p. 2; Iul. 4 p. 69-71; cf. ibid. p. 61-69; Frank, Die Klosterbischöfe, p. 146; supra n. 7).
[30] Cf. supra n. 13.