M I L O

évêque de Trèves, attesté de 723 à 751
(? évêque) de Reims

Milo, fils de Leotwinus, évêque de Trèves[1], d'une puissante famille aristocratique austrasienne[2], apparaît comme diacre dans une charte de son père[3] en faveur de St-Euchaire de Trèves datée du 01 février 706[4], mais cet acte n'est certainement pas authentique[5].
Dans certains manuscrits, la charte datée du 24 (ou 25) juin 715[6], par laquelle Hugo sacerdos[7] et germanus ... Arnulfus dux necnon Pipinus et Godefridus [8] font une donation en faveur de la basilica sanctorum apostolorum[9] à Metz, comporte une liste de témoins[10], d’après laquelle Milo ne serait pas encore évêque[11]. Mais cette liste est problématique[12].
D'après la chronique d’Echternach, composée aux alentours de l’année 1100[13], Milo[14] était aux côtés de Charles (Martel) le jour de la victoire de Vincy[15] sur les Neustriens le 21 mars 717[16].
Milo est évêque[17] le 19 juillet 723[18], date à laquelle il assiste[19] à Zülpich[20] au jugement de Charles-Martel en faveur de l'abbé Benignus de Fontenelle[21] contre le comte Bertharius[22] au sujet de la villa Monticellos [23] … in pago Oximensi [24].
Milo semble avoir succédé à son père comme évêque de Trèves sans problèmes[25], même si le texte d’un document ultérieur fait penser qu’il n’a pas été consacré régulièrement. En effet, le jugement de Charlemagne de vraisemblablement 782[26], attribuant le monastère de Mettlach à l’église de Trèves contre les prétentions des fils de Lantbertus, qualifie Milo de qui fuit successor ipsius Leodoni episcopi et eo tempore episcopio s. Petri Treverice urbis regebat [27]. Ce diplôme rapporte en outre que Milo a reçu ce monastère, fondé en son temps par son père Leodonius et remis par ce dernier à l’église de Trèves, à titre de beneficium[28] de Charles Martel[29] et plus tard de Pépin[30]. Le texte indique aussi que Milo y nomme successivement [31] "des abbés de cette ville", Ebreo, puis l'évêque Ratbertus et enfin Harthamus[32]. Les Gesta Treverorum du XIIe siècle[33] reprennent à leur compte les dénigrements de la tradition rémoise[34], le désignant comme primo quidem imitator patris, deinde tirannus effectus [35], sola tonsura iam clericus, habitu et moribus inreligiosus laicus, et citent une liste d’églises que Milo et aliis tirannis, ne dicam episcopis auraient spoliées[36]. Par contre Milo n'a pas laissé un mauvais souvenir à Mettlach[37].
En ce qui concerne l'episcopium de Reims[38] dont Charles Martel a gratifié Milo[39], il n'est pas possible de dire avec certitude quelle position Milo y occupa. Il ne semble pas y avoir exercé les fonctions épiscopales[40], mais s'être réservé l'usage du temporel de l'évêché [41]. Les listes épiscopales ne connaissent pas Milo[42].
Il n’est pas établi avec certitude quand et dans quelles circonstances Milo obtient l'episcopium de Reims[43]. La Vita Rigoberti[44] rapporte que, du temps des luttes qui marquent la prise de pouvoir par Charles Martel[45], celui-ci dépose l’évêque Rigobertus de Reims et dispose de l’episcopium Remense en faveur de Milo[46]. Envoyé par Charles Martel auprès du duc Eudo in Wasconicam regionem [47], Milo y rencontre Rigobertus qui s’y était réfugié, et négocie avec lui[48] son intercession auprès de Charles afin de lui permettre son retour à Reims. Mais Rigobertus, une fois revenu, ne respectant pas ses engagements, Milo lui retire l’episcopatus[49]. Rigobertus vit encore quelques années sur son domaine de Gernicourt[50] d’où, avec l’accord de Milo[51], il peut même venir célébrer la messe à Reims[52].
Dans une lettre[53] adressée à Bonifatius le 22 juin 744 (ou 743)[54], le pape Zacharias confirme les episcopis vero metropolitanis, id est Grimo[55], …, Abel[56] sive Hartbercto [57], quos per unamquamque metropolim per provincias constituisti. De même, le capitulaire de Pépin du 02 ou 03 mars 744[58], qui promulgue les décisions du synode de Soissons[59], déclare qu’il est prévu que chaque civitas aura son évêque légitime et que par conséquent on établira aussi deux archevêques[60], Abel et Ardobertus.
Dans un autre courrier de Zacharias à Bonifatius du 05 novembre 744 (ou 743)[61] le pape s’étonne de ce que son légat, dans une nouvelle lettre, n’ait plus demandé le pallium que[62] pour Grimo[63], Bonifatius ayant installé trois archevêques, Grimo à Rouen, Abel[64] à Reims et Hartbertus à Sens. Il est probable que Pépin, face à l’opposition de Milone et eiusmodi similibus[65], a dû renoncer à imposer sa volonté de réforme[66].
Milo est encore mentionné dans une lettre du pape Zacharias du 04 novembre 751[67], mais meurt à une date indéterminée avant le 13 août 762[68], date à laquelle est attesté Wiemadus, son successeur sur le siège épiscopal de Trèves[69]. D'après le Libellus de rebus Treverensibus [70], Milo aurait péri à la chasse et aurait été enseveli[71] dans l'église Saint-Pierre d'Ehrang[72], ceci anno tyrannidis sue 39 et mense decimo[73].


[1] Cf. MGH DK I n° 148 de (? 782): Leodonius quondam episcopus genitor Miloni et Widoni (voir infra n. 26); les Vitae Liutwini, dont la première date vraisemblablement du Xe siècle  (AA. SS. Sept. VIII p. 169-172; cf. Anton, 1991, p. 34-35 et n. 35; Gauthier, 1980, p. 360 n. 102-104; Winheller, 1935, p. 84-105). Au sujet de Leotwinus, qui pourrait encore avoir été vivant en 715 (cf. infra note 11), cf. Anton, p. 30-51; Gauthier, p. 359-362; Schenk zu Schweinsberg, 1971, p. 164-165; Goerz, 1876, n° 135 p. 57. 
[2] Il est possible que des liens de parenté aient existé avec les Pippinides (cf. Anton, 1991, p. 36-39).
[3] Il est communément admis que les deux témoins Milo diaconus et  Wido comes de la charte de Leotwinus de l’année 706 sont ses deux fils. Il en est certainement de même pour les deux témoins de ce nom de la charte en faveur de St-Arnoul de 715 (Anton, 1991, p. 36).
[4] Beyer, 1860, n° 7a p. 9-10; Pardessus, 1849, n° 464 p. 268-269.
[5] Cf. Anton, 1991, p. 31-32 n. 28; Gauthier, 1980, p. 359; Ewig, 1953, p. 191 n. 3; Perrin, 1935, p. 329-333. Faux postérieur au Xe siècle, contenant probablement un noyau, une liste de témoins et une datation authentiques.
[6] Heidrich, 2001, n° 8 p. 71-75 avec la liste des imprimés antérieurs. Original perdu. Diverses copies, dont la plus ancienne date peut-être du Xe siècle. Cf. Joch, 1999, p. 54-55 n. 298; Anton, 1991, p. 33 et n. 32; Heidrich, 1965/1966, n° A Metz 4 p. 251-252.
[7] Futur évêque de Rouen, Paris, Bayeux, abbé de Fontenelle et de Jumièges, fils de Drogo, duc de Champagne et donc petit-fils du maire du palais Pépin dit d'Héristal, père de Charles Martel (cf. par exemple Joch, 1999, p. 105-106).
[8] Deux autres fils de Drogo (cf. Joch, 1999, p. 66; Hlawitschka, 1965, p. 80 n° 39).
[9] = St-Arnoul.
[10] S. Milonis. S. Uuidonis comitis. S. Eremberti comitis...
[11] Milo ne porte pas de titre. Il semblerait donc que son père Liutwinus était encore vivant à cette date.
[12] Heidrich, 2001, p. 72-73 (cf. aussi p. 15-22, 47-48), comme déjà en 1965/1966, p. 252, est de l’avis que la liste est une interpolation, suivie par Stoclet, 1993, p. 133 n., ce que réfutent Joch, 1999, p. 54-55 n. 298 et Anton, 1991, p. 33 n. 32.
[13] Liber aureus Epternacensis, Chronicon Epternacense auctore Theoderico monacho, MGH SS XXIII p. 60 (pour le manuscrit, cf. Wampach, 1929, p. 67 et s.): … cum multis nobilibus anno incarnationis Domini 716. pugnavit. Inter quos erat Milo, genere quidem clarus, sed acer et irreligiosus, filius domni Loutwini quondam duci (pour ce titre de "dux", cf. aussi la Vita Liutwini [cf. infra n. 1], c. 3 p. 169; Anton, 1991, p. 39-40 et n. 58; Gauthier, 1980, p. 360-361).
[14] Quelle que soit la valeur que l’on attribue à cette tradition, tout indique que Milo était un partisan des débuts de Charles Martel (cf. Joch, 1999, p. 56; Gauthier, 1980, p. 362-363).
[15] Vincy/Vinchy, aujourd’hui le nom d’une ferme; le village de ce nom a été débaptisé en Les Rues-des-Vignes (dép. Nord, arr. Cambrai, cant. Marcoing). Pour sa localisation, cf. Joch, 1999, p. 148-149 et n. 839-840.
[16] Pour la date, cf. Levison, 1938, p. 344-345; Liber historiae Francorum, Haupt, 1982, c. 53 p. 377; Gauthier, 1980, p. 362 n. 124; Semmler, 1977, p. 9 n. 60.
[17] Sans mention de siège; la question se pose donc de savoir s'il était alors évêque de Trèves, de Reims ou des deux cités  (cf. Gauthier, p. 363).
[18] Deperditum: Heidrich, 2001, n° 69 p. 160-161; Pradié, 1999, c. III/5 p. 54; Lohier/Laporte, 1936, p. 32-33; MGH SS II, p. 279 c. 7; cf. Heidrich, 1965/1966, p. 273 n° 37; Lot, 1913, n° 53 p. 16-17; BM² 35 p. 14.
[19] In quo conuentu interfuerunt hi episcopi: Ebbo (de Sens), Haldoinus (de Cologne, cf. Semmler, 1977, p. 33 et n. 241) et Milo, seu alii illustres uiri et comites Teudericus, Hrotgarius, Anginulfus et Haregarius. Pour les assesseurs laïcs, cf. Heidrich, 2001, p. 161.
[20] Tulbiaco castro: Zülpich, Allemagne, Nordrhein-Westfalen.
[21] = Saint-Wandrille.
[22] Cf. Ebling, 1974, p. 81 n° 76.
[23] Monceaux, Orne, arr. Mortagne-au-Perche, cant. Longny-au-Perche.
[24] Hiémois ou Oxmois, ancien pays dont la capitale était Exmes (Orne, arr. Argentan, ch.-l. cant.).
[25] Les différents exemplaires des Xe- XIIe siècles du catalogue épiscopal placent bien Milo entre Liutwinus et Wiomadus, son successeur (Duchesne, 1915, p. 30-34, 39; MGH SS XIII p. 296-301; cf. les Gesta Treverorum, MGH VIII, p. 161-163).
[26] Copies du XIVe siècle sans date de l’original perdu: MGH DK I  n° 148 p. 200-202; Waitz, 1863, p. 151-153; Beyer, 1860, n° 27 p. 32-33; traduction allemande de Raach, 1974, p. 13-14. Mühlbacher propose prudemment 782 comme date d’expédition de ce diplôme, année vraisemblable bien que, dans son introduction au diplôme, il se base sur une donnée discutable, l’année de consécration de l’évêque Petrus (en effet, l’évêque Petrus, qui est consacré en 781 par le pape, est plus probablement l’évêque de Pavia de ce nom, cf. Bullough, 1962, p. 224, 230). Voir aussi Stoclet, 1993, p. 130 n. 1.
[27] Cette formulation a sans doute comme but de cacher la situation particulière de Milo vis à vis de la loi canonique (cf. Raach, 1974, p. 17; Gauthier, 1980, p. 365-366; Ewig, 1953, p. 196 n. 37). 
[28] Charles Martel a donc sans doute sécularisé le monastère de Mettlach (cf. Stoclet, 1993, p. 131 n. 1; Gauthier, 1980, p. 366; Raach, 1974, p. 15-16).
[29] Heidrich, 2001, n° 67 p. 159-160.
[30] Heidrich, 2001, n° 89 p. 168.
[31] Sur la problématique des abbés de Mettlach à cette époque, cf. Raach, 1974, p. 18 n. 76, 78.
[32] Ce dernier est aussi qualifié d'évêque dans le texte du diplôme. On peut penser que les évêques Ratbertus, Harthamus, et peut-être aussi Ebreus, remplissaient à Trèves les fonctions religieuses que Milo ne pouvait assumer (cf. Raach, 1974, p. 17-18 et n. 76; Ewig, 1953, p. 197; Gottlob, 1928, p. 76 et n. 4; Duchesne, 1915, p. 39-40 et n. 9).
[33] MGH SS VIII p. 111-260, ici p. 161-162. Il existe plusieurs versions des Gesta, dont la plus ancienne semble avoir été terminée vers 1101 (cf. Thomas, 1968, p. 23 et s.).
[34] Cf. infra.
[35] Cf. Ewig, 1953, p. 198.
[36] Cf. Gauthier, 1980, p. 366-367; Ewig, 1953, p. 197-198.
[37] Miracula s. Liutwini du XIe siècle, MGH SS XV,2 p. 1261-1268, ici p. 1262; cf. Stoclet, 1993, p. 131 n. 4; Ewig, 1953, p. 198.
[38] La situation confuse à Reims du temps de Milo ne nous est connue que par des témoignages plus tardifs. Voir à ce sujet Schmidt, 1929, p. 37-40, qui les classe chronologiquement: d’abord la version interpolée vers le milieu du IXe siècle de la lettre du pape Hadrien à l’évêque Tilpinus de Reims, qui ne nous est parvenue que par la Vita Rigoberti et par Flodoard (pour la partie concernant Milo, dans la Vita Rigoberti, c. 14 p. 70-71; chez Flodoard, c. 13 p. 162-63. Pour ce faux, voir Lesne, 1913, p. 325-351 et 389-413); puis différents écrits de Hincmar de Reims des années 863 à 878, dont la praefatio à la Vita Remigii (MGH SS rer. Merov. III, p. 250-254, ici p. 251), la Vita Rigoberti composée entre 888 et 894 (MGH SS rer. Merov. VII p. 54-78), l’Historia Remensis ecclesiae de Flodoard rédigée vraisemblablement entre 948 et 954 (MGH SS XXXVI, p. 159-164, voir p. 4; MGH SS XIII p. 460-461; Lejeune, 1982, p. 292-303 lat./fr.), ainsi que d’autres textes plus tardifs.
[39] ... et donatus atque magis usurpatus contra Deum et eius auctoritatem fuit ille episcopatus simul cum alio episcopatu et aliis ecclesiis et saecularibus potestatibus Miloni cuidam solo tonsura clerico, nichil sapienti de ordine ecclesiastico, ... (interpolation de la lettre à Hadrien, cf. supra n. 38). Hincmar, lui, écrit: .. usque dum tempore Karli principis, quando propter discordiam et contentionem de principatu inter eum et Ragamfredum et frequentia ac civilia, immo plus quam civilia, ..., in Germania et Belgicis ac Gallicanis provinciis religio christianitatis pene fuit abolita, ita ut episcopis in paucis locis residuis episcopia laicis donata et per eos divisa rebus extiterint; adeo ut Milo quidam tonsura clericus, moribus, habitu et actu inreligiosus laicus episcopia Remorum ac Trevirorum usurpans insimul per XL circiter annos pessumdederit (Vita Remigii, p. 251). Voir aussi infra la Vita Rigoberti. Au sujet de cette tradition rémoise qui noircit l’image de Charles Martel, cf. Nonn, 1994, p. 17; Sot, 1993, p. 451-453.
[40] En effet, Flodoard, dans son Historia Remensis ecclesiae, sur la base des archives de son église, signale un diplôme du roi Thierry (IV, qui régna de 721 à 737) confirmant à l'évêque Rigobertus de Reims une donation faite par Grimoaldus à cette église (cf. MGH DM II Dep. 388 p. 657) ainsi que des precepta de ce même et d’autres rois régnant du temps de l’épiscopat de Rigobertus confirmant l’immunité et l’exemption de tonlieu (Dep. 387 p. 656-657. Les remarques de Schenk zu Schweinsberg, 1971, p. 155-156 au sujet de ces documents ne semblent pas devoir être retenues). D'autre part, les Gesta abbatum Fontanellensium mentionnent un évêque de Reims du nom de Lando pour les années 732/736 (Pradié, 1999, c. V p. 68-72; Lohier/Laporte, 1936, p. 43-46; cf.  Schenk zu Schweinsberg, 1971, p. 167-168). En 744, Abel est établi archevêque de Reims, mais ne peut, semble-t-il, se maintenir (cf. infra n. 53-66). Peut-être faut-il encore ajouter le futur évêque de Reims Tilpinus qui n’aurait d’abord rempli que les fonctions religieuses du vivant de Milo (cf. infra n. 69).
[41] Cf. infra n. 48.
[42] Duchesne, 1915, p. 77, 85; MGH SS XIII p. 381. Nous n’en connaissons aucun exemplaire plus ancien que le XIe siècle, mais une telle liste a dû exister au IXe siècle (cf. Stratmann, 1998, p. 12-13). Elles mentionnent Tilpinus (cf. infra n. 69) comme successeur de Rigobertus, ignorant ainsi Milo, Lando et Abel (cf. supra n. 40, infra n. 53-66).
[43] Hincmar de Reims, auteur en 878 de la Vita Remigii episcopi Remensis (MGH SS rer. Mer. III, praefatio, p. 251; cf. Gauthier, 1980, p. 363 et n. 128; Schmidt, 1929, p. 39-40), écrit: …adeo ut Milo quidam tonsura clericus, moribus, habitu et actu inreligiosus laicus episcopia Remorum ac Trevirorum usurpans insimul per XL ciriciter annos pessumdederit (dans un mémoire rédigé en 876, il parle de multos annos). La date de la mort de Milo n’est pas connue; il est cité pour la dernière fois dans une lettre du 04 novembre 751 (cf. infra n. 67). Wiemadus, son successeur sur le siège épiscopal de Trèves, est attesté à partir du 13 août 762; peut-être n’a-t-il été consacré qu’après le 29 janvier 759. On ne sait pas non plus si la durée indiquée par Hincmar concerne aussi bien Trèves que Reims (cf. infra n. 73). En tenant compte des indications concernant Rigobertus (cf. supra n. 40), il n’est donc pas possible de préciser la date à laquelle Milo prend possession de l’episcopium de Reims. La Vita Liutwini archiepiscopi Treverensis du Xe/XIe siècle (AA. SS. Sept. 8, S. 171; cf. Winheller, 1935, p. 87-96) veut savoir que Lutwinus, évêque de Trèves, reçoit aussi les évêchés de Reims et de Laon. Mais ce renseignement est vraisemblablement inexact (cf. Anton, 1991, p. 51 et n. 101 avec la bibliographie).
[44] MGH SS rer. Merov. VII p. 54-78, ici c. 9-10, 15-19, p. 67-68, 71-74.
[45] 714-723 (cf. Semmler, 1977, p. 1-36).
[46] Joch, 1999, p. 149-151, pense que l’hagiographe, situant l’épisode de Rigobertus à l’époque de la bataille de Vincy, a probablement commis une confusion avec l’affrontement de Soissons au printemps 718; elle pose aussi la question de savoir quelle valeur on peut accorder au récit de la déposition de cet évêque (à ce sujet, voir supra n. 40 les diplômes royaux accordés à l’église de Reims au plus tôt en 721 et du temps de l’évêque Rigobertus; de plus, Milo n’est attesté comme évêque qu’en 723, cf. supra n. 18).
[47] Le Liber historiae Francorum, c. 53 p. 327-328 rapporte que Chlotarius quidem memoratus rex eo anno obiit, Carlusque anno insecuto legationem ad Eudonem dirigens amicitiasque cum eo faciens (voir aussi les Chronicarum quae dicuntur Fredegarii continuationes, Haupt, 1982, c. 10 p. 284-285 (lat./dt.); MGH SS rer. Merov. II, p. 127). Le roi Clotaire meurt avant le 18 mai 718 (cf. Weidemann, 1999, p. 203-205; Joch, 1999, p. 152-154). Charles Martel demande alors au duc aquitain de lui rendre le roi Chilpéric II (cf. Joch, 1999, p. 90 et n. 517). La légation est donc à placer en 719.
[48] L’accord prévoit la cession des res propriae de Rigobertus à Milo (MGH SS rer. Merov. VII, c. 15-16 p. 71-72).
[49] Schmidt, 1929, p. 48-50, estime qu’après le retour de Rigobertus à Reims, Milo l’aura encore toléré quelque temps comme évêque. Ceci pourrait expliquer les diplômes de Thierry IV en faveur de l’église de Reims du temps de Rigobertus (cf. supra n. 40) (ici p. 49 n. 2).
[50] Aisne, arr. Laon, cant. Neufchâtel-sur-Aisne (cf. Sot, 1993, p. 454).
[51] Les sources qualifient Milo de clericus (cf. supra n. 38), sauf la Vita Rigoberti qui parle de Milo abba  (MGH SS rer. Merov. VII, c. 16 p. 60 et 72). Milo semble n’avoir jamais été consacré ni prêtre ni évêque (cf. supra n. 27 et 32).
[52] A sa prière, Milo lui aurait laissé l’autel sanctae Mariae (la cathédrale de Reims) pour pouvoir y célébrer la messe. Rigobertus aurait eu l’habitude de venir de Gernicourt à Reims et d’y prier dans diverses églises (cf. Schenk zu Schweinsberg, 1971, p. 157-158). L’année de sa mort n’est pas connue (cf. MGH SS rer. Merov. VIII p. 74 et n. 3).
[53] Cette lettre est peut-être la réponse à un écrit perdu de Bonifatius d’août 743 (cf. Schüssler, 1986, p. 92-93 n. 272; Tangl, 1912, p. 96-99).
[54] Rau, 1968, n° 57 p. 164-168 (lat./dt.); MGH Epist. sel. I p. 102-105. Speck, 1985, p. 179-195, propose de dater cette lettre, ainsi que la suivante du 05 novembre, de l’année 743.   
[55] Pour la province ecclésiastique de Rouen.
[56] Pour Reims.
[57] Pour Sens.
[58] MGH Cap. I p. 28-30, ici c. 3  p. 29; MGH Conc. II, 1 p. 33-36, ici p. 34.
[59] Cf. Hartmann, 1989, p. 56-59; De Clercq, 1936, p. 122-124.
[60] Suivant en cela l’exemple de son frère Carloman, Pépin essaie de réaliser la restauration religieuse dans la partie du royaume qui lui est échue (cf. Schüssler, 1986, p. 88-95).
[61] Rau, 1968, n° 58 p. 170-175 (lat./dt.); MGH Epist. sel. I p. 105-108. Pour la date, cf. supra n. 54. Flodoard, dans son Historia Remensis Ecclesiae (c. 16, MGH SS XXXVI p. 166-167), cite des extraits de cette lettre ainsi que la précédente du 22 juin, mais en en inversant l’ordre.
[62] Dans une lettre écrite au pape sans doute en 751 (Rau, 1968, n° 86 p.  ; MGH Epist. sel. I p. 191-194), Bonifatius revient encore une fois sur ce sujet en déclarant que les Francs ont d’abord remis à plus tard, puis laissé sans suite leur promesse (concernant les archevêques); et adhuc differtur et ventilatur; quid inde perficere voluerint, ignoratur.
[63] La province ecclésiastique de Rouen était située dans le "royaume" de Carloman, tandis que les deux autres se trouvaient dans celui de Pépin (cf. Schüssler, 1986, p. 94-95).
[64] Flodoard (voir supra n. 38), p. 167, mentionne sans plus de précisions quaedam chartae ipsius episcopi … nomine titulae.
[65] Lettre du pape du 04 novembre 751 à Bonifatius: Rau, 1968, n° 87 p. 292-301 (lat./dt.); MGH Epist. sel. I, p. 194-201, ici S.198. Zacharias écrit: De Milone autem et eiusmodi similibus, qui ęcclesiis Dei plurimum nocent, ….
[66] La partie interpolée de la lettre d'Hadrien à Tilpinus de Reims (voir supra n. 38) rapporte que Bonifatius s'est entremis auprès du pape Zacharias pour que celui-ci envoie le pallium à l'archevêque Abel; mais ce dernier a été chassé de Reims et cette église est restée ensuite longtemps sans pasteur, ses biens confisqués et distribués à des laïcs (Flodoard, p. 167; cf. Gauthier, 1980, p. 365; Schieffer, 1950, p. 1451-1454; Schmidt, 1929, p. 51-57; Duchesne, 1915, p. 86 et n. 7; Lesne, 1913, p. 341-342).
[67] Voir supra n. 65.
[68] MGH DK I n° 16 p. 21-25. Pour Wiemadus, voir supra n. 43.
[69] Pour Reims, la question du début de l'épiscopat de son "successeur" Tilpinus pose quelques problèmes. Flodoard le fait mourir la 47e année de son épiscopat et rapporte l'épitaphe composée par l'archevêque Hincmar de Reims qui dit que Tilpinus siégea quadragenis amplius annis (MGH SS XXXVI p. 171). Or Tilpinus est mort en 794, ce qui placerait le début de son épiscopat vers 747/748. Mais, d'après un passage d'un fragment de mémoire de Hincmar de l'année 863 (MGH Epist. VIII p. 126 n° 160), postea vero Wiomado Treviri ordinato (voir n. précédente) episcopo Remus per plures annos pastore vacavit, quoniam rebus ipsius episcopii divisis a Milone per filios et homines suos, quos Pippinus cum beneficiis illis datis eodem Milone petente in manus suas recepit (cf. Raach, 1974, p. 32-34; Ewig, 1954, p. 229-230). Flodoard a-t-il compté les années de l'épiscopat de Tilpinus à partir de celui d'Abel (mentionné encore en 746/747)? Ou Tilpinus n'a-t-il d'abord exercé à Reims que les fonctions religieuses du vivant de Milo (cf. Schenk zu Schweinsberg, 1971, p. 172)?
[70] MGH SS XIV p. 103. Le Libellus, écrit vraisemblablement dans la première moitié du XIe siècle, n'a que peu de valeur historique (cf. Heyen, 1966, p. 70-72; Thomas, 1968, p. 75 et s.).
[71] Ce renseignement ne peut être mis en doute (cf. Gierlich, 1990, p. 54-56).
[72] Aujourd'hui quartier de Trèves, sur la rive gauche de la Moselle.
[73] Ceci correspond approximativement à la durée que lui attribue Hincmar (voir supra n. 39). Milo aurait donc succédé à son père sur le siège épiscopal de Trèves vers les années 719/723 (cf. supra n. 25).

Dernières modifications de cette fiche le 19 mars 2007