W I T M A R U S [1]

abbé de Centulum (= Saint-Riquier), mentionné en (? 762)

Uuitmarus [2] abbas de Centula [3] souscrit l'association de prières conclue entre les évêques et abbés présents au synodalis conventus d'Attigny qui se tint vraisemblablement en 762 [4].
Une lettre du pape Paul I. au roi Pépin [5] rapporte que ce dernier avait envoyé en Italie Widmarum … et Gerbertum [6] abbates adque Hugbaldum [7] virum inlustrem pour négocier avec les Lombards le problème des iustitia [8] de l'église de Rome. Ces missi concluent un compromis à ce sujet avec les représentants des Lombards, de la Pentapole et d'autres villes romaines. Il est convenu d'autre part que des envoyés du pape et des villes romaines se rendraient avec les missi de Pépin auprès du roi lombard Desiderius pour traiter d'un autre problème plus important, de finibus civitatem nostrarum (du pape) et patrimoniis beati Petri [9].
D'après le témoignage tardif d'Hariulf [10], Guitmarus [11], très saint homme, aurait été enseveli en Neustria [12]. Sa fête est inscrite au 12 mars [13] du propre de Saint-Riquier.


[1] Autres formes onomastiques: Widmarus, Guitmarus.
[2] Peut-être ce personnage est-il identique au Widmarus, membre de la "chancellerie" du roi Pépin attesté de 753 à 760? C'est ce que semble admettre Kettemann, Subsidia, t. 1, 1999, p. 250.
[3] Centulum: Saint-Riquier, Somme, arr. Abbeville, cant. Ailly-le-Haut-Clocher.
[4] Codex du VIIIe siècle: MGH Conc. II,1 p. 72-73. De ce concile ne s'est conservé que le texte d'une confraternité de prière conclue entre les évêques et abbés présents avec leurs noms et leurs sièges. Le document n'est connu que par une copie, mais qui date encore du VIIIe siècle ; il est bien possible que la succession des noms des signataires ne reflète pas la disposition initiale. Cf. Hartmann, Die Synoden, 1989, p. 79-81; Fichtenau, Die Reihen, 1986, p. 176-177; Ewig, Saint Chrodegang, 1967, p. 240-242; De Clercq, La législation, 1936, p. 143; Oelsner, Jahrbücher, 1871, p. 361-363, 366; Werminghoff, Verzeichnis, 1899, p. 469. Le texte n'est pas daté, mais Oelsner, Jahrbücher, 1871, Exkurs II p. 474-477, a rendu la date de 762 vraisemblable; cf. aussi Schmid/Oexle, Voraussetzungen, 1975, p. 107 n. 50.
[5] Codex Carolinus n° 34, MGH Epist. III p. 540-542; Jaffé, Mon. Carol. p. 119-121. Jaffé et Gundlach datent cette lettre de 761/766, tandis que Kehr, Über die Chronologie, 1896, p. 150-152, 157, la placerait plutôt en 761.
[6] L'abbé Gerbertus n'est pas connu autrement.
[7] Peut-être le même que le Hucbaldus envoyé par Charlemagne à Ravenne vraisemblablement en 770 (Codex Car. n° 85, MGH Epist. III p. 621).
[8] Cf. Kehr, op. cit., p. 129.
[9] Cf. Kehr, op. cit., p. 149-152; Oelsner, op. cit., p. 355.
[10] Chronicon Centulense (ou Gesta ecclesiae Centulensis), ouvrage achevé en 1088 pour la partie concernant la période antérieure à cette date, connu par des copies du XVIIe siècle (cf. Hariulf, Chronique, 1894, p. XVI-XIX, LVII-LXX, 324; Laporte, Etude chronologique, 1959, p. 102). Sur la valeur historique de cet ouvrage, cf. Hariulf, Chronique, p. XLIV-LV.
[11] On ignore à qui il succéda ainsi que la durée de son abbatiat. Guitmarus vir sanctissimus est cité par le catalogue versifié mais sans ordre chronologique de l'abbé Angelrannus (Enguerrand) du XIe siècle (Hariulf, op. cit., p. 218-219, [cf. p.XXIX]; MGH SS XV,1 p. 181; cf. Laporte, op. cit., p. 101). Hariulf s'en est servi dans sa Chronique, mais y mentionne dans l'ordre Coschinus (fin VIIe/début VIIIe siècle), S. Guitmarus, Aldricus et Symphorianus (on ne sait rien sur les deux derniers) avant Anghilbertus (attesté à partir de 790); comme la liste des abbés est incomplète, rien ne prouve qu'il n'y ait pas d'autres noms à insérer entre eux, ni même qu'ils soient à leur place (Hariulf, op. cit., p. 3, 42-44 et LI-LII; Laporte, op. cit., p. 107-108; Gallia Christiana, t. 10, 1751, c. 1243). La Vita Benedicti Anianensis (éditée par Kettemann, Subsidia, 1999, p. 139-223 avec traduction allemande sur la base d'un ms. du Cartulaire d'Aniane du XIIe siècle ainsi que d'une copie du XVIIe siècle, cf. ibid. p. 44-47) rédigée par Ardo vers 823, dont l'autorité est incontestée, rapporte que Benedictus (le futur Benoît d'Aniane) confie à un religiosus nomine uuidmarus corporea luce carens sa décision de renoncer au siècle (vers 771/774, cf. Kettemann, ibid., p. 244-249). Plus tard, c'est avec le prefato uiro uuitmare et quelques autres que Benedictus construit sur des biens propres une cella sur le ruisseau appelé anianus (aujourd'hui Les Corbières, cf. Kettemann, Subsidia, 1999, p. 149 n. 3) non loin du fleuve Hérault (probablement en 776 selon Kettemann, p. 149 n. 1). Kettemann, op. cit., p. 249-251, 307-309, estime que ce Widmarus pourrait bien être identique à l'abbé de Saint-Riquier qui aurait perdu ou abandonné son monastère vers 770/771 .
[12] Cf. Laporte, op. cit., p. 107-108; Hariulf, op. cit., p. XL-XLI et 44 n. 1.
[13] Copie du XVIIe siècle: III. id. mart. Sancti Widmari abbatis (Lot, Nouvelles recherches, 1911, p. 270; Mabillon, Annales, II, 1704, p. 207).